Après dix ans d'échec des négociations entre Israël et la Palestine, le président palestinien Mahmoud Abbas va tenter de forcer le destin. Il présentera vendredi la demande d’adhésion à l’ONU d’un Etat de Palestine.
Pour l'instant, les Palestiniens disposent d'un statut d'observateur aux Nations unies. L'octroi d'une reconnaissance d'Etat de droit exige l'approbation du Conseil de sécurité mais les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont déjà fait savoir qu'ils feraient usage de leur droit de veto à toute résolution en ce sens.
Les Etats-Unis et Israël rejettent la demande palestinienne
Mahmoud Abbas entend réclamer l'admission à part entière à l'ONU d'un Etat de Palestine sur les frontières du 4 juin 1967, c'est-à-dire la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est comme capitale. Une telle reconnaissance permettrait une reprise des négociations de paix, a fait valoir ces derniers jours le président palestinien, selon lequel 126 pays dans le monde reconnaissent les territoires palestiniens en tant qu'Etat.
Israël et les Etats-Unis considèrent en revanche que seules des négociations de paix directes permettront de parvenir à la création d'un Etat palestinien. Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien a exprimé son rejet de la demande palestinienne en arguant que "la paix ne s'obtiendra(it) pas par une démarche unilatérale à l'ONU".
Eviter une confrontation à l’ONU sur la démarche palestinienne
L'Union européenne n'a pas encore dit quelle serait sa position. Mais Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, a déjà fait savoir lundi depuis New York que "si les Etats-Unis opposent leur veto, rien ne se passera sauf la reprise des violences parce que la population palestinienne sera frustrée".
Ces derniers jours, d'intenses contacts diplomatiques sont donc déployés pour éviter une confrontation à l'ONU sur la démarche palestinienne. Tony Blair, l'envoyé spécial du Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie, Union européenne), a assuré dimanche que des pourparlers étaient en cours pour dissuader les Palestiniens de soumettre leur demande au Conseil de sécurité.
Washington veut éviter un veto embarrassant
De leur côté, les Etats-Unis redoublent d'efforts pour convaincre les autres membres du Conseil de sécurité de s'opposer à la démarche palestinienne ou au moins de s'abstenir. La résolution échouerait si elle ne réunissait pas au moins neuf voix. Washington n'aurait alors pas besoin d'opposer un veto très embarrassant pour leur image dans le monde arabe, qui plus est en plein "printemps arabe".