La Suisse, nouveau coffre-fort numérique

L'entrée du bunker à Attinghausen, dans le canton d'Uri. © Deltalis
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Charles Carrasco et Ariane Lavrilleux, envoyée spéciale en Suisse , modifié à

EXCLU - La Suisse se lance sur ce nouveau marché en pleine expansion : le stockage des données des entreprises. 

L'INFO. En Suisse, il n'y pas que le secret bancaire. Désormais, il y aussi le secret des données informatiques. Après l'affaire Snowden, l'ex-informaticien de la NSA qui a mis en lumière l'espionnage massif d'Internet, la Confédération helvétique se lance dans un nouveau marché en pleine expansion : le stockage des données numériques des entreprises. Pour cela, elle a un atout phare : sa culture de la confidentialité.

D'anciens bunkers de l'armée. Il y a pas moins de 55 "datacenters" dans ce pays de 8 millions d'habitants. A titre de comparaison, la France en compte seulement 128. La Suisse ambitionne de devenir le coffre-fort numérique de l'Europe au sens propre, puisque d'anciens bunkers de l'armée suisse ont été réaménagés pour y installer des serveurs informatiques.  

© E1 - Ariane Lavrilleux

C'est le cas dans les Alpes suisses à Attinghausen, dans le canton d'Uri. Creusé sous la montagne, ce bunker est un dédale de béton où il faut passer par quatre énormes portes blindées anti-atomiques pour enfin arriver à l'une des cavernes où sont cachés les serveurs.

Un coffre-fort de données. Ici louer 100 m2 coûte 30.000 euros par mois. Un prix qui n'est pas extravagant, assure le président de Deltalis, Stephan Grouitch qui promet une sécurité digne de l'armée. "On a 900 mètres de roches au dessus de nous. On est à l'intérieur d'un abri antiatomique qui était le centre de commandement en cas de guerre totale. Par rapport à l'intrusion, il est complètement couvert. Et les employés de l'entreprise ne peuvent pas avoir accès à  leurs propres serveurs. Ça évite toutes les fuites ! On peut le voir comme un coffre fort de données", affirme le président de cette entreprise, interrogé par Europe 1.

Les serveurs : 

© Deltalis

Beaucoup de clients étrangers. Cet argument séduit énormément d'entreprises. En un an, le nombre de clients a été multiplié par cinq. Ils sont notamment attirés par les lois suisses très contraignantes pour les services secrets. "Si je laisse en tant qu'entreprise américaine mes données aux Etats-Unis, c'est parfaitement légal pour la NSA d'y accéder. Tandis qu'en Suisse, il n'y a pas d'autorités, comme des services de renseignements, qui puissent avoir accès à ces données stockées. Il faut une procédure judiciaire pour y avoir accès, donc pour la NSA, c'est illégal", assure Peter Gruter, le président de l'association des télécom suisses.

Aujourd'hui, plus de la moitié des centres de stockage de données sont occupés par des étrangers alors qu'ils étaient à peine 10%, il y a encore deux ans. 

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