L’INFO. "Êtes-vous contre l’immigration de masse ?" C'est la question qui a été posée aux Suisses toute la semaine sur Internet et dimanche matin dans les urnes. Le "oui" l'a emporté de justesse dimanche : 50,3% des électeurs ont approuvé la limitation de l'immigration.
Forte participation. La participation à cette votation a été très élevée, a relevé l'institut GfS, avec un taux de 56% environ, soit 12 points de plus que la moyenne de 44% constatée généralement lors des consultations du peuple en Suisse. Lancé à l'initiative du parti UDC (droite populiste), le référendum a obtenu la double majorité requise, soit la majorité des cantons et la majorité des électeurs.
Les "regrets" de l'UE. Ce vote ouvre la porte à une potentielle crise politique dans le pays et à un clash diplomatique de la Suisse avec Bruxelles. La Commission européenne a déjà "regretté" dimanche le vote des Suisses ajoutant qu'elle examinerait "les implications de cette initiative sur l'ensemble des relations entre l'UE et la Suisse".
"Un tournant. Concrètement, le référendum signifie la fin de l'accord de libre-circulation des personnes signé avec l'UE, et qui s'est traduit par une immigration massive d'Européens en Suisse. Le pays devrait réinstaurer le système de quotas et de contingents, qui existait avant l'accord de libre-circulation. "Il s'agit d'un tournant dans notre politique d'immigration", a déclaré le président de l'UDC Toni Brunner. De son côté, Christian Levrat, du parti socialiste suisse, a indiqué que son parti "avait perdu, et cela fait mal".
Des conséquences pratiques encore floues. La seule certitude est que le gouvernement suisse doit à présent présenter un projet de loi pour concrétiser les exigences du texte, qui demande que la Suisse gère de manière autonome l'immigration des étrangers. Le texte demande des contingents annuels pour les travailleurs, frontaliers ou requérants d'asile. Ces plafonds doivent être fixés en fonction des "intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect de la préférence nationale".
Sur Twitter, les réactions des Internautes suisses étaient très clivées :
Aujourd'hui, j'ai honte de mon pays. #CHvote#fachos— Myriam Wittwer (@pikatchoune) 9 Février 2014
Retour à la souveraineté migratoire ainsi qu'un repositionnement des Suisses par rapport à l'EU. #CHvote— saurik556 (@saurik556) 9 Février 2014
"On a besoin de main d’œuvre étrangère, mais..." Les Suisses rencontrés par Europe 1 dans les rues de Genève ce week-end étaient très partagés sur ce référendum. “J’ai voté blanc parce qu’il y a le pour et le contre. On a besoin de main d’œuvre étrangère dans les hôpitaux, dans l’hôtellerie et dans le tourisme, mais d’un autre côté, il y a une surpopulation étrangère. Cela provoque du dumping salarial et un manque de logement”, a confié l’un d’eux.
La fin d'une époque. Depuis 2002 et la disparition progressive des quotas d’immigration, ce sont environ 80.000 étrangers qui viennent travailler et vivre chaque année en Suisse. Un effet aspirateur qui, selon les détracteurs de cette immigration, a provoqué une augmentation des loyers et des tensions sur le marché du travail. La quasi majorité des partis politiques suisses ainsi que le patronat avaient appelé à voter "non" à ce texte.
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