Le régime syrien continue d'afficher sa détermination à faire taire par la force la contestation. Le président Bachar al-Assad a ainsi ordonné à l'armée d'intervenir tour à tour à Banias et à Homs, une répression qui a fait plusieurs victimes. Les chefs de file de la contestation à Banias ont été arrêtés dimanche par les forces de sécurité qui ont procédé à plus de 250 interpellations dans cette ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
Les militaires, qui avaient pris position depuis vendredi avec des chars dans le centre de Homs, à 160 km au nord de Damas, ont pénétré samedi soir et dimanche à l'aube dans plusieurs quartiers tenus par les opposants au régime comme Bab Sebaa et Baba Amr, selon un militant des droits de l'Homme. Des tirs de mitrailleuses lourdes ont résonné dans ces quartiers, où l'électricité et les communications téléphoniques étaient coupées.
Un enfant de 12 tué par balle
Un enfant de 12 ans, Qassem Zouheir al-Ahmad, a été tué dimanche par des tirs, a indiqué le militant sans pouvoir préciser les circonstances de ces tirs. Il a également fait état d'autres morts à Homs sans pouvoir en fournir le nombre. "Des tireurs ont pris position sur les toits d'immeubles dans le quartier de Karam al-chami", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, un vétéran de la lutte pour les droits de l'homme en Syrie, Riad Seif, 64 ans, qui souffre d'un cancer, a été inculpé dimanche pour avoir enfreint l'interdiction de manifester, selon l'avocat Khalil Maatouk.
Banias également quadrillé par l'armé
A Banias, ville de 50.000 habitants sur la côte méditerranéenne dans le nord-ouest, le copnstat est identique : less communications téléphoniques, l'électricité et l'eau ont été coupées, selon Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "La ville est coupée du monde et dans les quartiers sud, place forte des contestataires, il y a des tireurs embusqués sur les toits", a-t-il ajouté.
"Des chars ont été déployés dimanche sur la corniche et dans les quartiers sud de Banias et des perquisitions ont été effectuées. Des personnes ont été arrêtées sur la base de listes", selon lui. Samedi, il y a eu déjà des perquisitions et des arrestations de blessés dans ces quartiers, où vivent 20.000 personnes, selon lui.
"Difficile que le peuple revienne en arrière"
"Malgré le siège des villes par les tanks (...) les menaces, les tortures sauvages, les jeunes ont brisé le mur de la peur et ont manifesté lors du 'vendredi du défi'. C'est très difficile que le peuple revienne en arrière", a affirmé Moujab Assamra, 33 ans, membre du parti de l'Union socialiste (opposition, interdit), réfugié depuis une semaine au Liban avec sa famille. Les opposants avaient appelé à manifester massivement vendredi pour une journée baptisée "Vendredi du défi" et au moins 26 manifestants ont été tués, selon un militant.
Certains opposants commencent à établir un parallèle entre les violences du régime syrien et celles pratiquées en Iran. Le régime syrien a appris de son allié iranien à réprimer un mouvement de protestation, en recourant à la torture, a affirmé un cyberdissident syrien de premier plan dans un entretien avec l'agence de presse autrichienne APA.
"Si vous arrêtez et torturez quelqu'un, au moins dix de ses amis auront peur. C'est comme ça qu'elles (les forces de sécurité) ont procédé ces deux dernières semaines", a ajouté le militant, âgé de 28 ans, dans cet entretien téléphonique publié en allemand.