L’INFO. Bachar al-Assad est en colère. Le président syrien a assuré à un journal allemand que l'Europe paierait le prix d'éventuelles livraisons d'armes aux rebelles, au moment où les pays occidentaux du G8 doivent largement évoquer le dossier syrien à leur sommet en Irlande du Nord à partir de lundi soir.
Des menaces de représailles. "Si les Européens livrent des armes, l'arrière-cour de l'Europe deviendra (un terrain) pour le terrorisme et l'Europe en paiera le prix", affirme Bachar al-Assad dans un entretien à paraître mardi qu'il a accordé depuis Damas au Frankfurter Allgemeine Zeitung(FAZ).
Une exposition directe au terrorisme. La "conséquence de livraisons d'armes serait une exportation directe du terrorisme en Europe", poursuit le président, selon le texte de l'entretien diffusé lundi soir par le quotidien. "Des terroristes reviendront (en Europe) avec une expérience du combat et une idéologie extrémiste", prévient Bachar al-Assad.
"Le terrorisme signifie ici le chaos et le chaos mène à la pauvreté. Et la pauvreté signifie que l'Europe perd un marché important", poursuit-il, assurant : "l'Europe, que cela lui plaise ou non, n'a pas d'autre choix que de coopérer avec l'Etat syrien".
Il nie l’utilisation d’armes chimiques. Bachar al-Assad rejette en outre les accusations des Occidentaux, selon lesquels l'armée syrienne a fait usage d'armes chimiques contre les rebelles. "Tout ce qui est dit sur l'emploi d'armes chimiques est la poursuite des mensonges sur la Syrie. C'est une tentative de justifier une plus grande ingérence militaire", ajoute le président syrien.
"D'un point de vue militaire, les armes conventionnelles peuvent tuer en une seule journée un nombre beaucoup plus grand" que ces 100 à 150 personnes. "Il est illogique d'employer des armes chimiques pour tuer un nombre de personnes qui peut être atteint avec des armes conventionnelles", argumente-t-il.
La France et la Grande-Bretagne dans le viseur. Bachar al-Assad s'en prend tout particulièrement à la France et à la Grande-Bretagne qui, "avec les Nations unies, cherchent des laquais et des marionnettes qui font prévaloir leurs intérêts". "Nous avons toujours été indépendants et libres. La France et la Grande-Bretagne sont historiquement des puissances coloniales [de 1920 à 1946, la Syrie a été administrée par la France, NDLR]. Elles ne l'ont vraisemblablement pas oublié", selon lui.
La semaine dernière, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a déploré la progression sur le terrain des troupes du régime, jugeant que "s'il n'y a pas de rééquilibrage sur le terrain" en faveur des rebelles, la conférence de paix de Genève-2 sera compromise.