Simili d’élections en Syrie, mardi. Le scrutin présidentiel se tient au beau milieu d’une guerre civile qui a déjà fait 162.000 morts depuis 2011. 15 millions de Syriens sont appelés à voter, selon le ministère syrien de l’Intérieur. Mais vont-ils tous pouvoir glisser un bulletin dans l’urne, alors que les rebelles menacent de bombarder les bureaux de vote ?
La crainte des bombes. A J-1, Damas tente de rassurer les habitants des zones tenues par le régime, les seules où se déroulera l’élection. La presse syrienne a évoqué un "plan de sécurité pour protéger les électeurs" qui se rendront dans les 9.000 bureaux de vote déployés dans le pays.
Car pour ce jour de simili-élections, "les rebelles ont d’ores et déjà annoncé qu’ils attaqueraient au mortier tous les bureaux de vote", raconte un habitant d'Alep, joint par Europe 1. "C’est un message aux supporters de Bachar Al-Assad : ‘n’allez pas voter, sinon, on attaquera.’. Je crois que ça va vraiment être sanglant. Les bombes vont pleuvoir des deux côtés", craint cet électeur. En deux jours, plus de 50 personnes, dont neuf enfants, sont mortes dans des bombardements à Alep. A Homs, un attentat a fait dix morts lundi.
Les Syriens iront voter, qu’ils le veulent ou non. Malgré les bombes, qui tombent jusqu’à 40 fois par jour à Alep, certains Syriens tiennent à voter pour cette élection dont le résultat est connu d’avance. Ironie "démocratique" : pour la première fois depuis plus de 50 ans, ils pourront choisir un autre candidat que Bachar Al-Assad. Maher el-Hajjar et Hassan el-Nouri se présentent contre le dictateur syrien, qui gagnera sans aucun doute ce que l'habitant d'Alep joint par Europe 1 considère comme "une farce". Au Liban, pendant que certains réfugiés manifestaient contre le scrutin, d'autres se ruaient en masse vers les bureaux de vote installés.
Pour convaincre les habitants plus réticents, le régime syrien semble user des solutions à sa mesure pour pousser les habitants aux urnes. Le même Aleppois explique que "tout le monde va voter, de gré ou de force. Le régime a commencé à prendre les cartes d’identité dans les zones qu'il contrôle", se désole-t-il. "Les habitants pourront les récupérer une fois qu’ils auront voté". Et risqué leur vie, une nouvelle fois.
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