L'INFO. Depuis plusieurs semaines, l'Armée syrienne libre (ASL) est en perte de vitesse face aux islamistes et djihadistes. Les forces loyalistes en profitent donc pour pilonner les rebelles qui ont du mal à réagir, Washington et Londres ayant suspendu leurs aides non létales. Les raids de l'armée de l'air dimanche contre six quartiers d'Alep, dans le nord de la Syrie, ont fait ainsi 76 morts, dont 28 enfants de moins de 18 ans et 4 femmes, selon un nouveau bilan fourni lundi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Depuis le début du conflit, plus de 126.000 victimes ont été comptabilisées et quelque 2,2 millions de réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. Leur nombre pourrait doubler à la fin 2014, a prévenu l'ONU lundi.
"Les gens dorment dans la rue". Face à ce terrible bilan humain, les ONG ont du mal à collecter des fonds. Un exemple : les dons ont baissé de 50 % pour l'Union des organisations syriennes de secours médicaux, une association présente sur tout le territoire, avec plus de 500 médecins. La situation humanitaire est pourtant dramatique. Une vague de froid s'est abattue depuis la semaine dernière sur le Proche-Orient. Plusieurs enfants sont morts d'hypothermie ou du manque de nourriture.
"Dans la banlieue de Damas, la capitale, il y a des dizaines d'enfants qui sont morts parce qu'ils n'ont rien trouvé à manger. On a constaté le décès de douze enfants à cause du froid parce que les gens dorment dans la rue", s'inquiète le docteur Oubaïda Al-Moufti, interrogé par Europe 1. Sans compter les "100.000 personnes en plus qui ne sont même pas comptées dans les victimes de ce conflit parce qu'ils sont morts par faute de soins", déplore ce médecin. "Il y a une situation sanitaire catastrophique", souligne encore le docteur Oubaïda Al-Moufti.
"Nous sommes dépassés". La Coalition de l'opposition a donc récemment lancé un "appel urgent" aux ONG internationales "pour protéger des centaines de milliers de Syriens du froid glacial", à l'extérieur et à l'intérieur de la Syrie. En raison des intempéries, le transit de l'aide humanitaire est perturbé dans le pays, où les écoles sont fermées.
>> A Alep, des combattants de l'Armée syrienne libre s'offrent un moment de détente :
"Nous sommes dépassés. On ne peut pas faire le travail du ministère de la Santé", reconnaît le médecin. Près de trois ans après le début du conflit, des maladies que les médecins ne voyaient plus en Syrie ont fait leur réapparition "en force" : "la polio, la tuberculose, la typhoïde, le choléra", décrit le médecin contacté par Europe 1. Les femmes ne sont pas non plus épargnées. "La majorité accouche à domicile parce qu'elles ne peuvent pas aller dans les hôpitaux. Il n'y a d'ailleurs plus d'hôpitaux…", déplore le représentant en France de l'Union des organisations syriennes de secours médicaux. Ce médecin lance donc un appel : "C'est un pays qui est en train de mourir. Aujourd'hui, on a besoin de l'aide de tout le monde".
Les réfugiés aussi souffrent du froid…
… AU LIBAN. Pour les réfugiés des pays voisins, la situation est tout aussi dramatique. Au Liban, entassés dans quelque 200 campements de misère, des milliers de réfugiés syrien luttent contre le froid et la neige. "Quand la neige fond, elle se transforme en boue à l'intérieur des tentes, et celles-ci s'effondrent sous le poids de la neige", a raconté à l'Agence France Presse Sakr, 13 ans, dans un camp situé à Saadnayel. D'autres enfants, certains sans bonnet, éternuent ou frottent leurs mains gelées. "Donnez-nous de quoi nous réchauffer", imploraient-ils.
>> Un camp de réfugiés à Arsal au Liban :
Le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'est mobilisé en coopération avec l'armée libanaise pour distribuer des couvertures et fournir de l'argent pour le chauffage, mais il reste "préoccupé" par la situation.
… EN JORDANIE. En Jordanie, la pluie rend également les conditions de vie, déjà extrêmes, des réfugiés encore plus difficiles, notamment dans le camp de Zaatari, dans le nord, qui accueille 130.000 Syriens. "Nous avons toujours besoin de chauffage, il fait trop froid", expliquait la semaine dernière, Haitham Sayyad, dont les enfants se serraient autour de l'unique chauffage électrique d'appoint dans sa caravane.
… EN TURQUIE. En Turquie, où il a neigé abondamment la semaine dernière, en particulier dans la région frontalière avec la Syrie, un responsable a indiqué que les "mesures nécessaires" avaient été prises pour venir en aide aux 200.000 réfugiés hébergés dans des camps.
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