"Guerre civile", "Bain de sang", "Notre heure la plus sombre", titraient les quotidiens dimanche en Thaïlande. Le dernier bilan des violents affrontements de ce week-end entre militaires et opposants font état de la mort de 21 personnes : des civils, dont un caméraman japonais de l'agence Reuters, et des soldats. Au moins 870 personnes ont été blessées plus ou moins grièvement.
L’opposition a accusé les militaires d'avoir utilisé des "armes de guerre" contre "des manifestants désarmés". Toutefois, des témoins ont indiqué que des manifestants avaient également eu recours à des armes à feu et à des engins incendiaires. La plupart des morts ont été atteints par des balles, selon les secours.
Les forces de l'ordre auraient désormais comme consigne de garder leurs distances avec les manifestants afin que la situation ne dégénère pas davantage. Les rues de la capitale étaient calmes dimanche matin, notamment dans la vieille ville où s'étaient concentrés les heurts de la veille. Cependant, des milliers de "rouges" se maintenaient dans le quartier commercial et touristique de Ratchaprasong.
Appel à la démission
A l’issue des tensions, en mars dernier, une tentative de dialogue entre les deux camps n'a rien donné. En effet, ces affrontements font suite à près d'un mois de manifestations pacifiques organisées par "les chemises rouges", le nom donné aux partisans de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, contraint de quitter le pouvoir en 2006 par un coup d'Etat militaire. Les "rouges" du Front Uni pour la démocratie contre la dictature (UDD) réclament des élections législatives anticipées et considèrent Abhisit Vejjajiva, à la tête du gouvernement depuis décembre 2008, comme illégitime.
L'actuel Premier ministre Abhisit Vejjajiva, actuellement retranché dans une caserne, a indiqué samedi soir qu'il refusait de démissionner. La date des prochaines élections a été avancée à la fin de 2010 au lieu de 2011. L’administration américaine a également appelé les deux parties à la retenue.