Les conservateurs allemands proclament dans leur programme électoral leur refus d'une adhésion de la Turquie à l'Union européenne car ce pays constituerait à leurs yeux une charge trop importante pour l'UE. L'Union chrétienne démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel et son alliée bavaroise, l'Union chrétienne sociale (CSU), s'opposent de longue date à l'adhésion de la Turquie. Elles n'ont toutefois pas bloqué les négociations entre Ankara et les Vingt-Sept, ouvertes peu avant leur retour au pouvoir en 2005.
Dans un document interne en vue des élections législatives de septembre, que Reuters a pu consulter, la CDU-CSU s'abstient même d'utiliser la formule "partenariat privilégié", employée habituellement par les opposants à l'adhésion, pour définir les relations entre la Turquie et l'UE. "Nous voulons une coopération forte entre l'Union européenne et la Turquie ainsi qu'une collaboration stratégique étroite sur les questions de politique étrangère et de sécurité", est-il écrit dans ce projet de 125 pages. "Nous refusons une adhésion pleine et entière de la Turquie car ce pays ne remplit pas les critères d'adhésion à l'UE. Ce pays constituerait une surcharge pour l'Union européenne en raison de sa taille et de la structure de son économie."
L'Allemagne, où vivent environ trois millions de Turcs, est le principal partenaire commercial de la Turquie au sein de l'UE. La plupart des partis politiques tentent de séduire l'électorat d'origine turque en vue du scrutin législatif du 22 septembre. Les conservateurs jugent toutefois que la communauté turque d'Allemagne est plus intéressée par l'emploi et la défense de valeurs traditionnelles que par l'adhésion de la Turquie à l'UE, soutenue par l'opposition sociale-démocrate et écologiste.