Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, contesté dans la rue et éclaboussé depuis des mois par de graves accusations de corruption, joue dimanche son avenir à la tête de la Turquie lors d'élections municipales aux allures de référendum. Plus de 52 millions de Turcs ont commencé à voter à 7 heures pour élire leurs maires. Les bureaux de vote doivent fermer leurs portes à 17 heures et les premiers résultats être proclamés en soirée. Dans un climat pollué par les affaires politico-financières visant le régime, ce scrutin s'est transformé en vote de confiance pour Erdogan.
Après douze ans de règne sans partage à la tête du pays, le chef du gouvernement est devenu son personnage le plus controversé: acclamé par ses partisans comme l'artisan de l'impressionnant développement économique turc mais dénoncé par ceux qui lui reprochent sa dérive islamiste et autoritaire. Le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, qui a remporté toutes les élections depuis 2002, devrait finir en tête du scrutin au niveau national, mais nettement en-dessous des 50% des suffrages obtenus aux législatives de 2011. L'ampleur du score de l'AKP et le sort des deux plus grandes villes du pays, Istanbul et Ankara, devrait déterminer la stratégie à venir de Recep Tayyip Erdogan, dont le troisième et dernier mandat de Premier ministre s'achève en 2015.
Sûr du soutien d'un majorité de Turcs, notamment dans ses bastions du coeur de l'Anatolie pieuse et modeste, Recep Tayyip Erdogan est déterminé à se maintenir au pouvoir. Une large victoire dimanche, improbable, peut le décider à briguer en août la présidence de la République, disputée pour la première fois au suffrage universel direct. Un score plus serré l'inclinerait plutôt de prolonger son mandat à la tête du gouvernement lors des législatives de 2015, au prix d'une modification des statuts de l'AKP.
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