L’INFO. Outre-Manche, l’affaire ouvre le débat sur les pouvoirs octroyés aux services sociaux. Une Italienne qui se trouvait en Grande-Bretagne pour suivre une formation a subi une césarienne forcée car, selon les autorités, elle souffrait de troubles psychologiques, rapporte The Daily Telegraph. Elle a porté plainte pour que son enfant, confié aux services sociaux britanniques, lui soit rendu, en vain. Pour une association de défense des droits de l’Homme, l’histoire a tout du "cauchemar".
Internée et forcée à subir une césarienne. Les faits remontent à l’été 2012. L’Italienne, dont l’identité n’a pas été révélée pour des raisons légales, se trouvait alors dans l’Essex, au nord de Londres, pour suivre une formation de la compagnie aérienne Ryanair, indique The Independent. Mais pendant cette formation, cette femme, enceinte, a été victime d’une attaque de paniquée liée aux troubles bipolaires dont elle souffre. Restée en Italie, sa mère a eu beau tenter d’expliquer la situation par téléphone aux policiers, elle a tout de même été internée dans un établissement psychiatrique. Cinq semaines plus tard, elle a été anesthésiée. A son réveil, les médecins l’ont informée qu’elle avait subi une césarienne, avec la permission d’un juge, et que sa fille avait été confiée aux services sociaux.
Deux plaintes déposées. Deux actions en justice ont ensuite été lancées, l’une en Grande-Bretagne et l’autre en Italie. Sans succès : un tribunal britannique a jugé en février que l’enfant devait être proposée à l’adoption, car sa mère risquait de faire une rechute. L’enfant, aujourd’hui âgée de quinze mois, se trouve toujours entre les mains des services sociaux. L’histoire aurait pu passer inaperçue si un député ne s’était pas saisi de l’affaire. John Hemming a en effet annoncé dimanche aux médias qu’il soulèverait la question au Parlement. "Il y a des problèmes considérables dans le fonctionnement des tribunaux des affaires familiales", explique-t-il au Guardian.
Le député britannique John Hemming s'est saisi de l'affaire :
Du jamais vu pour l’avocat. L’avocat britannique de l’Italienne assure n’avoir "jamais entendu parler d’un cas similaire en 40 ans de carrière". Selon lui, la famille de la mère n’a jamais été consultée et les services sociaux italiens n’ont pas été impliqués. Les autorités locales, elles, ont refusé de commenter l’affaire. Liberty, une association de défense des droits de l’Homme, a de son côté dénoncé un "cauchemar" de "science-fiction" absolument "indigne dans une démocratie" comme la Grande-Bretagne.
Des questions en Italie. L’affaire est déjà en train de tourner à la bataille judiciaire entre la Grande-Bretagne et l'Italie, écrit le Corriere della Sera. Un tribunal italien s’est penché sur le cas et a conclu que les juges britanniques avaient bien le droit de statuer sur le sort de l’Italienne, qui n’était pas capable de donner des instructions à ses avocats au moment des faits. En revanche, le juge italien a officiellement demandé pourquoi des procédures britanniques avaient été appliquées à une enfant née d’une femme "résidant habituellement" en Italie, note Il Messaggero. En attendant, la mère se trouve toujours en Italie, où elle est rentrée, tandis que sa fille, elle, est restée en Grande-Bretagne.