Dominique Strauss-Kahn, qui vient d'être mis en examen en France, dans l'affaire du Carlton, a de nouveau affaire à la justice américaine. Mercredi, la procédure au civil opposant l'ancien patron du FMI à Nafissatou Diallo, qui l'accuse d'agression sexuelle, a commencé avec une toute première audience qui a duré plus d'une heure. Ni DSK, ni son accusatrice n'étaient présents dans la salle, située au sixième étage du tribunal du Bronx.
Sans surprise, l'un des avocats de Dominique Strauss-Kahn, Amit P. Mehta, a demandé le classement de la plainte, évoquant "l'immunité diplomatique" dont bénéficiait, selon lui, DSK.
En vertu du droit international, DSK bénéficiait en tant que directeur général du Fonds monétaire international d'une "totale immunité judiciaire concernant une procédure civile" au moment où la plainte a été déposée le 8 août, a fait valoir son avocat William Taylor dans un document de 25 pages. Cette immunité civile a perduré même après sa démission du FMI le 18 mai, "jusqu'à ce qu'il puisse quitter les Etats-Unis", a-t-il ajouté, évoquant là aussi le droit international.
Le tribunal du Bronx qui a reçu la plainte "n'est donc pas compétent et doit la classer", a-t-il ajouté, en affirmant par ailleurs que la plaignante avait été "discréditée" durant la procédure pénale.
Pendant plus d'une heure, le juge Douglas McKeon a posé une foule de questions. Il coupe la parole, se montre agacé et glisse une pointe d’ironie : "vous ne diriez pas que ce qui s’est passé au Sofitel fait partie des fonctions de patron du FMI ?", fait-il remarquer.
"Une tentative désespérée"
Pour les avocats de Nafissatou Diallo, l’immunité est impossible. DSK était en visite privée à New York, pas en voyage officiel. "Dominique Strauss-Kahn pense qu’il est au-dessus des lois. Cette demande d’immunité ne repose sur rien", a souligné au micro d'Europe 1 Kenneth Thompson. "C’est une tentative désespérée pour retarder la procédure mais nous irons jusqu’au bout de cette affaire. Dominique Strauss-Kahn devra venir dans ce palais de justice et rendre des comptes", a-t-il insisté.
"A ce jour, Nafissatou Diallo reste assise à la maison. Elle souffre, elle ne travaille pas. Elle attend de pouvoir venir au tribunal. Aujourd’hui était un pas dans la bonne direction. Nous sommes prêts pour un procès. Nous voulons un procès aussi vite que possible", a conclu Kenneth Thompson.
Dominique Strauss-Kahn a regagné début septembre Paris. Le 23 août, un tribunal de New York avait en effet abandonné les poursuites au pénal contre lui. Mais, aux Etats-Unis, les deux procédures, civiles et pénales, sont distinctes