La longue nuit passée par les députés à l'Assemblée nationale pour voter le collectif budgétaire n'a pas été de tout repos. Les débats ont parfois été tendus. Ce fut le cas sur l'Aide médicale d'Etat, l'AME, dont la franchise a finalement été supprimée, par 99 voix contre 40.
"Il faut un petit peu participer"
La suppression de cette franchise médicale de 30 euros imposée en 2011 aux étrangers sans papiers bénéficiaires de cette AME avait été instituée par la précédente majorité. Cette dernière entendait lutter contre l'explosion du nombre des bénéficiaires de l'AME et du coût de cette aide.
C'est donc tout naturellement qu'elle est montée au font pour critiquer la suppression d'un forfait qui va coûter 3 millions d'euros à la Sécurité sociale cette année. "Il y a un moment où il faut un petit peu participer. Qui ne peut pas payer 30 euros ?", a lancé l'ancien ministre Thierry Mariani, assurant que "personne à l'UMP ne veut remettre en cause l'AME". Il y a besoin d'un "outil de régulation", a pour sa part plaidé Hervé Mariton (UMP). "Aujourd'hui l'AME est mal gérée".
"L'AME a dérapé dans les coûts"
"Ce timbre de 30 euros, c'est complètement farfelu, quand on a payé des milliers d'euros pour venir en France !", a argué Dominique Tian (UMP), grand pourfendeur de la fraude sociale. Parlant de thème "difficile", Claude Goasguen a lui affirmé que "l'AME a dérapé dans ses coûts". Le député UMP de Paris a précisé que serait proposée prochainement une réforme complète.
"Il ne s'agit pas de remettre en cause notre tradition humaniste, mais de lutter contre la fraude et les excès", a assuré le président des députés UMP, Christian Jacob, qualifiant l'article examiné de "dangereux".
"Cessons de nous donner des leçons"
A gauche, on a ardemment défendu la suppression de la franchise de l'AME, créée en 2000. "Non l'AME ne fait pas un appel d'air pour des gens qui viennent en France. Quand on quitte son pays, ce n'est pas pour venir faire des cures thermales !", a rétorqué Catherine Lemorton, présidente de la commission PS des Affaires sociales.
"Cessons de nous donner des leçons" de morale ou de justice, a demandé Jérôme Cahuzac, ministre délégué au Budget. "En situation régulière ou irrégulière, les médecins les soigneront toujours", a-t-il lancé reprenant sa casquette de médecin.