C'est la fin de trois mois de cauchemar pour Sevil Sevimli. Cette étudiante lyonnaise possédant la double nationalité franco-turque a été libérée lundi par les autorités turques. Depuis mai, elle était emprisonnée pour ses liens supposés avec une organisation clandestine d'extrême gauche. La jeune femme, placée sous contrôle judiciaire, a toutefois l'interdiction de quitter la Turquie avant son procès, qui se tiendra le 26 septembre, a précisé le ministère français des Affaires étrangères.
"La France continue de suivre attentivement la situation de Mme Sevimli et reste pleinement mobilisée pour lui apporter l'assistance dont elle pourrait avoir besoin", a déclaré un porte-parole du ministère.
Considérée comme Turque
La libération de l'étudiante est une "surprise" pour la jeune fille de 19 ans, a salué Sinem Elmas, amie d'enfance de Sevil Sevimli et membre du comité de soutien. "On ne s'y attendait pas, d'autant qu'aujourd'hui, on a appris que la date de son procès était fixée au 26 septembre". A sa sortie de prison lundi, elle ne savait encore rien sur les conditions de libération.
Sevil Sevimli, née en France et considérée comme Turque par Ankara en raison de sa double nationalité, encourait 12 ans de prison. Les autorités la soupçonnaient d'appartenir à un groupe illégal d'extrême gauche, le Front de libération du peuple révolutionnaire.
Un dossier classé confidentiel
Mais sa défense n'avait pas accès à son dossier, classé confidentiel. Elle savait seulement qu'il lui était reproché d'avoir participé au défilé du 1er mai, pourtant légal, à Istanbul, et d'avoir assisté, avec 350.000 autres spectateurs, à un concert du groupe Yorum, engagé à gauche.
Cette étudiante en licence information-communication à l'université de Lyon-2 était partie en Turquie dans le cadre d'un échange Erasmus. Pour pouvoir la voir au parloir, sa mère était partie vivre sur place.
Mobilisation en France
Son cas avait soulevé une importante mobilisation en France et créé des tensions entre Paris et Ankara. Fin juin, Le Monde publiait ainsi un éditorial interpellant Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc. Le président de l'université Lyon-2, Jean-Luc Mayaud, avait de son côté appelé dans une lettre publique à la "libération immédiate" de son étudiante. Il se disait même "prêt à aller témoigner à Ankara s'il y a[vait] un procès".
Le comité de soutien à la jeune fille s'inquiétait notamment de la dégradation de sa santé en prison et avait lancé une pétition à la mi-juillet, signée par 13.000 personnes, et remise aux ministres des Affaires étrangères et du Droit des femmes.