Après le drame et l'émotion, l'enquête. Deux jours après la tuerie perpétrée par Aaron Alexis dans les bâtiments de la Marine à Washington, les enquêteurs tentent de comprendre comment le tueur, pourtant connu pour ses antécédents, a-t-il pu opérer. Ronald Machen, le procureur de la ville de Washington, a déjà prédit "des semaines, des mois" d'investigations pour répondre aux questions laissées en suspens après la mort d'Aaron Alexis.
>> Lire aussi : un tireur aux motivations floues ?
Comment est-il entré dans le bâtiment ? Avec "un badge valide" explique Valerie Parlave, une responsable du FBI en charge de l'enquête. Il a franchi les portes des bureaux de la Marine vers 8h20 (heure locale) muni d'un fusil acheté en toute légalité en Virginie. Une fois à l'intérieur, les enquêteurs pensent qu'il a pu se saisir d'une arme de poing avant de tirer sur les employés et de tuer 12 personnes.
Pourquoi y est-il entré légalement ? C'est le noeud de l'enquête. "Il est difficile de croire que quelqu'un qui a un passif comme celui de cet homme ait pu obtenir les autorisations, les qualifications pour entrer sur la base", s'est exclamé Vincent Gray, le maire de Washington. Le New York Times croit même savoir qu'Aaron Alexis souffrait de délires psychotiques. Début août, il a appelé en pleine nuit le commissariat de la ville de Newport où il séjournait pour se plaindre qu'il était "pourchassé" et qu'il "entendait des voix", a rapporté le quotidien s'appuyant sur un rapport de police. Mercredi, le chef du Pentagone a fait une sorte de mea culpa. "Manifestement, quand on regarde avec le recul, il y avait des signes d'alerte, bien sûr qu'il y en avait", a reconnu Chuck Hagel.
Quels sont ces "signes d'alerte" ? Aaron Alexis a officié pour la Navy de 2007 à 2011. Quatre années durant lesquelles le "tueur de Washington" ne s'est pas distingué qu'en bien. La Marine lui reprochait plusieurs cas de conduite inconvenante et d'insubordination, mais cela ne l'avait pas empêché de quitter la Marine sans être inquiété. Au moment du drame, il travaillait comme informaticien pour un sous-traitant chargé de mettre à jour l'intranet de l'US Navy et des Marines. Un poste pour lequel il disposait d'une habilitation de sécurité. Les procédures de délivrance de ces habilitations sont conçues pour "déterminer si une personne présente un risque potentiel d'espionnage", pas pour "disqualifier" une personne qui a pu commettre un délit mineur des années auparavant, a expliqué un responsable du Pentagone.