La place Tahrir s'embrase de nouveau. Au moins onze personnes ont été tuées pendant le week-end et plusieurs centaines d'autres ont été blessées. Ces affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont lieu à une semaine du premier scrutin législatif depuis la chute de Hosni Moubarak.
Des morts par asphyxie et balles réelles
Les affrontements sur la place Tahrir au Caire ont débuté samedi matin, se sont poursuivis dans la nuit avant de reprendre dimanche matin et de s'intensifier dans l'après-midi. Les manifestants progressaient sur la place en lançant des cocktails molotov, face aux forces de l'ordre qui répondaient avec des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Les affrontements ont débuté samedi sur la place Tahrir :
Deux manifestants sont morts dans la nuit de samedi à dimanche, l'un au Caire, l'autre à Alexandrie. Au moins onze personnes ont péri dimanche sur la place Tahrir. Trois d'entre elles ont été asphyxiées par les gaz lacrymogènes tirés par la police et au moins quatre manifestants ont été tués par balles réelles.
Les scènes rappellent la révolte anti-régime du début d'année :
"Rien n'a changé après la révolution"
Le Caire n'est pas la seule ville touchée par des mouvements de protestation. Des manifestants ont également défilé dans la ville d'Ismaïlia, sur le canal de Suez, selon une source des services de sécurité, tandis que des milliers de personnes ont participé aux funérailles du jeune homme tué samedi à Alexandrie.
"Le Conseil des forces armées poursuit la politique de Moubarak, rien n'a changé après la révolution", a déclaré Khaled, 29 ans. "Le sang des Egyptiens ne sera pas versé en vain" et "A bas Tantaoui", scandaient également des manifestants hostiles à ce militaire septuagénaire, qui fut pendant vingt ans le ministre de la Défense de Hosni Moubarak et l'un de ses plus proches collaborateurs.
Le gouvernement de transition du Premier ministre Essam Charaf tenait de son côté une réunion de crise dans l'après-midi sur les moyens de faire face à la situation.
Des législatives le 28 novembre
Ces troubles ont relancé les craintes que les législatives qui doivent débuter le 28 novembre et s'étaler sur plusieurs mois ne soient marquées par des incidents et des violences. Un membre du CSFA, le général Mohsen al-Fangari, a assuré que ces élections se tiendraient comme prévu.
"Nous n'allons pas céder aux appels pour reporter le scrutin. Les forces armées et le ministère de l'Intérieur sont capables d'assurer la sécurité des bureaux de vote", a-t-il déclaré. Ils proposent d'avoir d'abord une assemblée constituante, puis une élection présidentielle et enfin des législatives.
Les militaires quant à eux ont décidé de mettre la présidentielle -à une date non encore décidée- à la fin de ce processus politique, et de ne rendre le pouvoir aux civils qu'une fois élu un nouveau chef de l'Etat.