Les émanations de la révolution du jasmin semblent se propager, peu à peu, aux pays asiatiques. Depuis plusieurs jours, en Chine et en Corée du Nord, des manifestations sporadiques ont été organisées pour protester contre le pouvoir. Ce risque de contagion de la révolution au Moyen-Orient effraie les autorités qui veulent éviter que l’information se propage. Europe1.fr fait le point sur la situation en cours.
Le mouvement se propage en Chine
La Chine censure à tout-va. Impossible pour les Chinois de se renseigner sur Internet sur le mouvement de contestation qui s’est déployé depuis la mi-janvier en Tunisie, en Egypte et en Libye. Les autorités ont censuré les moteurs de recherche à des niveaux inédits, en interdisant les mots "Egypte", "jasmin" ou encore "demain".
La censure ne semble pas s’être répandue sur les réseaux sociaux, où sont lancés régulièrement des appels à manifester contre le pouvoir. Ainsi, depuis plusieurs semaines, de nombreux rassemblements ont été organisés, chaque dimanche, dans les grandes villes chinoises. Mais ce n’est pas sans sécurité.
La force employée contre la presse
Des centaines de policiers en uniforme et en civil sont déployés lors de chacune de ces manifestations. Objectif : faire respecter l’ordre et empêcher les journalistes de prendre des images.
Certains reporters ont été violemment frappés. C’est le cas, notamment d’un journaliste de Bloomberg News accrédité en Chine. Il a été roué de coups par des membres de la sécurité, dimanche dernier à Pékin, alors qu’il couvrait une manifestation lancée sur Internet. En tout, une douzaine de journalistes ont été embarqués par la police.
La Chine a également interdit aux journalistes étrangers de parler dans la rue avec les Pékinois, sans autorisation du gouvernement. La presse est priée de "comprendre et coopérer" tout en "respectant les lois" en vigueur en Chine. L'organisation Reporters sans frontières dénonce ces prohibitions et juge qu’elles "traduisent la très grande nervosité du gouvernement de Pékin".
Pyongyang menace à nouveau Seoul
La nervosité de la Corée du Nord. Plusieurs manifestations isolées auraient été organisées dans le nord du pays, suite aux mouvements de contestation qui ont touché le Moyen-Orient. Ces défilés auraient été organisés pour critiquer le régime de Kim Jong-Il, déjà fragilisé par la succession de son fils et la généralisation de la famine dans le pays.
Nerveuses, les autorités tentent d’empêcher toute diffusion d’informations autour de la révolution du jasmin. C’est pourquoi Pyongyang aurait, selon Seoul, renforcé ses contrôles et verrouillé totalement les accès à Internet. La Corée du Nord s’en prend aussi à son voisin du Sud et menace de s’y attaquer.
La raison de cette colère ? La Corée du Sud est accusée d’avoir envoyé des tracts par ballons au-dessus de la frontière. Dans ces prospectus, les Sud-Coréens s’emploieraient à décrire la rébellion qui a secoué le monde arabe et ses répercussions dans la société. Ils dénonceraient également "les régimes héréditaires", alors que la succession du fils de Kim Jong-Il se prépare.
En cas de nouveaux lâchers de ballons portant des slogans anti-gouvernementaux, la Corée du Nord lancera "des attaques directes et ciblées" en direction de la zone frontalière, a prévenu l'agence officielle nord-coréenne KCNA. Pour pallier toute attaque, mais aussi faire face à un éventuel effondrement du régime, les armées américaine et sud-coréenne ont déployé des moyens considérables au niveau de la frontière entre les deux Corées.