C'est sous la forme d'une "Caravane de la libération" que plusieurs milliers de manifestants ont tenté de faire pression, une nouvelle fois, dimanche sur le gouvernement. Initiée par un millier de jeunes déshérités venus du centre du pays, cette manifestation a rassemblé, devant le palais de la Kasbah, où travaille le Premier ministre, des syndicalistes, opposants de gauche, islamistes, citoyens ordinaires, avec femmes et enfants. Ce rassemblement a plaidé la démission du gouvernement de transition et des ministres issus du régime Ben Ali.
"Le peuple vient faire tomber le gouvernement", scandaient dès l'aube les participants à la "Caravane de la libération", partis la veille du centre-ouest pauvre et rural du pays, dans les rues encore désertes de la capitale. Rejoint par un flot continu de manifestants de Tunis, ils ont été les premiers à faire le siège de la Primature, débordant des cordons de policiers et de militaires. "Ils ont volé nos richesses, ils ne voleront pas notre révolution", "on ne va pas vendre le sang des martyrs", proclamaient deux banderoles accrochées aux grilles des fenêtres du bâtiment, témoignant de la défiance de la rue à l'égard du nouveau gouvernement, dominé par les caciques de l'ancien régime.
Lundi, journée test pour le gouvernement
Très contesté, le gouvernement semble tabler sur un essoufflement du mouvement dans les jours à venir et s'efforce de remettre le pays sur les rails en relançant notamment l'activité économique. Lundi sera une journée test pour jauger l'évolution du rapport de force rue-gouvernement. Car écoliers, collégiens et une partie des lycéens doivent théoriquement reprendre le chemin des classes, fermées depuis le 10 janvier, quatre jours avant la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite. Seulement le syndicat des enseignants du primaire a appelé à une "grève générale illimitée" dès ce lundi pour exiger un nouveau gouvernement débarrassé de tout cacique de l'ère Ben Ali.
Le ministre de l'Enseignement supérieur, l'opposant Ahmed Ibrahim, a appelé les instituteurs à renoncer à cette "grève irresponsable", lors d'une réunion de son parti, mouvement Ettajdid, au cours de laquelle il a justifié sa participation au gouvernement "pour éviter le vide total".