La Norvège scrute avec attention le dossier psychiatrique d'Anders Behring Breivik, l’auteur du double attentats qui a fait 77 morts en 2011. Alors qu’une première expertise le déclarait schizophrène et donc non responsable de ses actes, une seconde analyse vient de conclure au contraire qu’il est sain d’esprit. La justice devra trancher fin juin.
Première expertise : Breivik jugé fou
Peu de temps après l’attentat en plein cœur d’Oslo et la tuerie de l’île d’Utoya, des psychiatres avaient longuement interrogé Anders Behring Breivik. Les deux experts avait conclu que l'extrémiste de droite était psychotique, souffrant de "schizophrénie paranoïde".
Selon cette expertise, Anders Behring Breivik ne peut donc pas être jugé responsable de ses acte, ce qui le condamnerait à être interné à vie en asile psychiatrique. Mais de telles conclusions ont provoqué une vive émotion en Norvège, si bien que la justice a demandé une contre-expertise.
Seconde expertise : Breivik est sain d’esprit
Les résultats de cette nouvelle expertise réalisée en avril 2012 sont diamétralement opposés : Breivik est suffisamment sain d'esprit pour pouvoir être tenu pour responsable de ses actes devant la justice.
Face à un tel désaveu de la première étude, la justice a prévenu les deux experts-psychiatres : on ne peut écarter l’hypothèse que Breivik ait ajusté son comportement et ses propos dans le but d'être reconnu pénalement responsable, comme il le souhaite. Les deux experts sont néanmoins formels : Breivik est bel et bien sain d’esprit.
La justice face à un dilemme
En validant deux expertises aux conclusions très différentes, la commission médico-légale place la justice dans une situation inconfortable. Le tribunal d'Oslo se trouve dans une situation inhabituelle avec deux rapports d'experts-psychiatres tout à fait valables.
La commission médico-légale a donc demandé aux deux auteurs de la dernière expertise de répondre à certaines questions spécifiques lorsqu'ils seront appelés à la barre fin juin.
Quant à Anders Behring Breivik, cette nouvelle expertise l’arrange, même s’il risque 21 ans de prison : déclaré fou, c’est toute son argumentation d’extrême-droite qui serait discrédité. A l’inverse, une condamnation "classique" en ferait, espère-t-il, un martyr de l’extrême-droite européenne.