Faisant fi de l'épidémie d'obésité qui touche leurs compatriotes, les élus américains, poussés par les géants des aliments surgelés, estiment que la sauce tomate qui recouvre les pizzas peut continuer à être comptée comme un légume dans les menus des cantines scolaires.
Cette classification s'insère dans une loi de financement annuel du ministère de l'Agriculture, chargée entre autres de contrôler ce que trouvent les élèves américains dans leurs assiettes. Les parlementaires, une commission de sénateurs et représentants, se sont prononcés pour que pizzas, frites et autres féculents ne se retrouvent pas bannis, ou du moins sévèrement limités, dans les menus des écoliers.
Obama voulait assainir l'alimentation
La mesure, qui pourrait être approuvée par le Congrès dès cette semaine, annihile une proposition de l'administration Obama visant à rendre plus saine la nourriture proposée aux enfants. Le ministère de l'Agriculture souhaitait accroître la quantité de sauce tomate utilisée par pizza pour qu'elle puisse continuer à être considérée comme un légume, au risque sinon de quasiment disparaître des menus.
Irritée, l'industrie agro-alimentaire avait rétorqué qu'une telle mesure aurait engendré des coûts et un "fardeau" supplémentaires, car il aurait fallu recalibrer la taille des pizzas.
L'Institut américain des aliments surgelés, un groupe de pression, a salué la décision des élus, car elle "tient compte de la forte teneur en potassium, en fibres et en vitamines A et C de la sauce tomate et permet aux élèves de continuer à apprécier ces repas sains que sont les pizzas et les pâtes".
Les associations indignées
Arguments balayés par Margo Wootan, chargée de la politique nutritive au Centre pour la Science au service de l'intérêt général. "Il ne s'agit pas de nutrition, mais de protéger les fabricants de pizzas", s'est-elle insurgée. Selon les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), 12,5 millions, soit 17% des enfants américains âgés de 2 à 19 ans sont obèses.