La Somalie est actuellement en pleine saison des pluies mais pas la moindre goutte d'eau ne tombe. Une situation qui fait connaître au pays son plus important épisode de sécheresse depuis soixante ans. Et les prochaines pluies ne sont attendues qu'en novembre. Cette situation dramatique a déjà contraint à l'exode des centaines de milliers de personnes. Les populations du centre du pays fuient leurs terres vers les pays voisins (Kenya ou Ethiopie) ou vers la capitale, Mogadiscio.
Plus de 400.000 personnes seraient actuellement massées autour de la ville, sous des abris de fortunes, selon des ONG. A l'intérieur de la ville, ce n'est pas beaucoup mieux. La plupart des magasins sont fermés ou les produits qu'ils contiennent sont inaccessibles pour la population. Les prix ont explosé. Des personnes sur place ont constaté que le prix du sac de maïs était passé de 5 à 45 euros.
Les Nations unies ont annoncé lundi qu'elles avaient commencé à acheminer de l'aide alimentaire vers certaines régions de Somalie durement touchées.
Etat de "catastrophe humanitaire"
"La situation est très mauvaise. Il n'y aura pas de grosse récolte avant l'année prochaine, les six prochains mois vont être très difficiles", a estimé un haut responsable des Nations unies. L'Unicef a affirmé la semaine passée qu'il faudrait 22,5 millions d'euros pour aider pour les trois prochains mois les millions de femmes et d'enfants en danger. "On en appelle à la mobilisation des Etats pour allouer des fonds supplémentaires et plus de bras. L'aide doit être massive et internationale", a lancé, lundi sur Europe 1, Thomas Gonnet, directeur des opérations d'Action contre la Faim, une ONG présente en Somalie.
Chassées du pays il y a deux ans par la rébellion islamiste, les ONG ont été rappelées en renfort par ces mêmes rebelles, preuve de la gravité de la situation. Cinq tonnes d'aide et de médicaments ont été transportées par avion dans le centre de la Somalie, une zone sous contrôle de la rébellion, par l'ONU. Mais cela ne suffit pas aux yeux de Thomas Gonnet, qui dénonce une situation "insupportable".
"L'aide doit être massive et internationale" :
"Pronostic vital engagé"
Toutefois, le directeur des opérations d'Action contre la faim met en garde contre une surenchère médiatique. "La Somalie est un territoire difficile d'accès, dangereux. On ne peut pas se permettre de débarquer comme on pouvait se permettre de le faire dans les années 1990. Aujourd'hui, il faut s'en remettre aux organisations humanitaires sur place, qui sont structurées, organisées, compétentes et professionnelles".
Depuis le 15 juillet, le pays est classé en état de "catastrophe humanitaire" par l'ONG Action contre la faim. Quelque 250.000 enfants souffrent de malnutrition, et "environ douze millions de personnes" manquent de nourriture et se trouve "dans une situation critique" en Afrique de l'Est (Somalie, Kenya, Ethiopie et Djibouti) selon l'ONU. "Plus de 80% des enfants qui arrivent dans nos centres nutritionnels sont atteints de malnutrition sévère, la forme la plus avancée de la malnutrition. Leur pronostic vital est engagé", a précisé Thomas Gonnet sur Europe 1.
Réunion d'urgence de la FAO
Face à l'ampleur de la catastrophe en Afrique de l'Est, la présidence française du G20 a obtenu avant la fin juillet une réunion à Rome de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture pour aider la Somalie. "Nous avons également demandé que l'UE mobilise tous ses moyens" pour faire face à cette situation a expliqué le chef de la diplomatie française, Alain Juppé.