La vie des petites mains du textile

Les ouvriers du textile travaillent dans des conditions dangereuses, comme l'a démontré le drame de Dakha.
Les ouvriers du textile travaillent dans des conditions dangereuses, comme l'a démontré le drame de Dakha. © REUTERS
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RECIT - Ces ouvriers travaillent dans des conditions précaires. 300 sont morts au Bangladesh.

La première fois qu’elle est allée visiter une usine de textile au Bangladesh, Shirine* a vu le manager gifler une des ouvrières qui avait mal fait son travail. "C’était il y a quinze ans, et je peux vous dire que je m’en souviens", raconte cette jeune française, interrogée par Europe1.fr. "Mais depuis, les choses ont changé", précise-t-elle, peu surprise par la mort de plus de 300 personnes dans l'effondrement d'un immeuble abritant des ateliers de confection, dans la capitale.

>> A lire également : Les ouvriers avaient donné l'alerte.

Différentes marques, différentes conditions de travail

Pendant dix ans, cette Française a travaillé comme acheteuse pour des sociétés, jouant le rôle d’intermédiaire entre les marques et les usines au Bangladesh. "J'ai travaillé pendant quatre ans pour la plus grande d'entre elles à l'échelle mondiale. Une société chinoise", précise celle qui connaît bien ce milieu.

Shirine raconte aussi qu’il existe différents types d’usines de textile au Bangladesh. "Il y a d’abord celles qui respectent les codes de conduite et qui s'assurent du bien être de leurs employés. Ce sont souvent les ateliers de produits haut de gamme. Puis, il y a les marques intermédiaires qui placent leurs commandes dans des usines respectables. Et enfin,  il y a les grandes marques de prêt-à-porter [présentes en France et en Europe] qui produisent en grande quantité pour pas cher. Et souvent ces différences de prix se ressentent sur la qualité des conditions de travail dans les usines", détaille la jeune femme qui a vécu dix ans au Bangladesh.

Des usines avec des "vraies-fausses" infirmeries

Dans ce pays de cent cinquante deux millions d’habitants, l’âge minimum légal pour travailler est de 18 ans. Mais, bien souvent, les usines emploient des jeunes de 14/15 ans dont le revenu d’environ 35 dollars par mois est vital pour leur famille. "Et pour les usines qui ne voudraient les prendre, certains ados font faire de faux certificats de naissance, car la corruption est partout dans ce pays", regrette Shirine.  Ces ouvriers commencent leur journée vers 8 heures du matin et travaillent jusqu’à 18 heures. Les heures supplémentaires, pour ceux qui souhaitent en faire, sont rémunérées.

Ce reportage [en anglais] réalisé par la chaîne Al Jazira raconte le quotidien de ces travailleurs mineurs qui soutiennent financièrement leur famille :

Pour les plus chanceux - c’est-à-dire les ouvriers employés dans des ateliers fournissant des produits haut de gamme - l’usine possède généralement, sur place, un médecin ou une infirmière que les travailleurs et toute leur famille peuvent consulter. En revanche, "dans les usines bas de gamme, l’infirmerie est factice et ne sert qu'à leurrer les clients", prévient l’ancienne acheteuse. Les conditions de travail sont donc très aléatoires. Et c’est ce que dénoncent les syndicats textiles qui ont appelé à manifester partout dans le pays dimanche et réclament le respect des normes de sécurité.

* Le prénom a été changé.