Lundi décisif pour la Grèce. La zone euro devrait envoyer un message de fermeté à Athènes, qu'elle menace d'abandonner à son sort si le pays ne sort pas de la paralysie politique… qui fait justement l'objet d'une réunion de la dernière chance autour du président de la République Carolos Papoulias.
Euro : pas de décision majeure
Depuis 17 heures, les ministres des Finances de la zone euro sont réunis à Bruxelles. À l'ordre du jour : la réforme bancaire espagnole, mais aussi et surtout la Grèce. Ils ne devraient prendre aucune décision majeure, mais faire un état des lieux alors que la crise de la dette semble repartie de plus belle.
Passation de pouvoirs oblige, et puisque le nouveau titulaire de Bercy n'est pas encore connu, la France ne sera pas représentée par son ministre des Finances à l'occasion de cette réunion de l'Eurogroupe, mais par son directeur du Trésor, Ramon Fernandez.
Grèce : la dernière chance
Au même moment, en Grèce, Carolos Papoulias, le président de la République, convoque une réunion de la dernière chance entre tous les dirigeants des partis entrés au Parlement lors des législatives du 6 mai. Le but : arracher un "consensus national" dans la soirée.
Alors que, tour à tour, les conservateurs, les socialistes et l'extrême gauche ont échoué à former une coalition gouvernementale ces derniers jours, cette réunion est l'ultime recours avant un retour aux urnes, qui aurait lieu dans un mois, et qui fragiliserait considérablement la position grecque.
L'instabilité agace et inquiète
Car de nouvelles législatives pourraient consacrer les partis opposés à l'austérité. Et, en conséquence, entraîner une sortie de la Grèce de la zone euro. Une situation qui agace en Europe : "Si un pays ne respecte pas les règles, mieux vaut qu'il parte", a lâché José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, la semaine dernière.
Les marchés, eux, ne sont pas agacés mais inquiets. Toutes les places européennes sont parties à la baisse lundi, Paris clôturant à -2,29%. Le blocage politique fait en effet craindre aux investisseurs un retard, voire une suspension des aides financières promises à la Grèce pour lui permettre de faire face à des échéances de remboursement.
"Solidarité" ou "divorce à l'amiable" ?
Angela Merkel s'est néanmoins voulu rassurante lundi. "Je pense que c'est mieux pour la Grèce si elle reste dans la zone euro", a-t-elle déclaré, assurant à Athènes sa "solidarité", qui ne s'arrêtera que si elle ne tenait plus ses engagements. "Mais je ne crois pas que cela arrivera", a jugé la chancelière allemande.
Pourtant, l'hypothèse d'une sortie de la zone euro prend du poids. Luc Coene, le chef de la banque centrale belge, a évoque la possibilité d'un "divorce à l'amiable", que l'Union monétaire aurait les reins assez solides pour supporter, selon le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble. Mais l'agence Fitch a prévenu : un tel scénario placerait "probablement les notes de tous les pays présents dans la zone euro sous surveillance négative".