La police du Québec menait jeudi une perquisition au siège canadien de la société Montreal, Maine & Atlantic (MMA), en cause dans la récente catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic qui a fait 47 morts.
"Environ 15 personnes de la Sûreté du Québec et de partenaires ont investi les lieux ce matin dans le but de recueillir des éléments de preuve pouvant soutenir des accusations criminelles", a déclaré l'inspecteur Michel Forget lors d'une conférence de presse depuis Lac-Mégantic.
Cette perquisition dans les bureaux canadiens de la compagnie américaine MMA, situés à Farnham, à environ 65 km au sud-est de Montréal, "est toujours en cours" et "certains éléments (de preuve) ont été recueillis", a-t-il indiqué. La police québécoise pourrait également faire appel à d'autres corps policiers, "qu'ils soient à l'extérieur du pays ou au Canada", pour mener d'autres perquisitions, a-t-il dit.
Un convoi de 72 wagons-citernes de la MMA transportant 7,2 millions de litres de pétrole a déraillé et explosé le 6 juillet à Lac-Mégantic, soufflant une zone de près de 2 km2 au centre de cette petite ville touristique des Appalaches, située à 250 km à l'est de Montréal. La police, qui traite la zone "rouge" dévastée comme une "scène de crime", avait indiqué immédiatement après l'accident qu'elle "envisageait" la thèse d'une "négligence criminelle" pour expliquer l'explosion.
La nuit de l'accident, le conducteur du train avait immobilisé le convoi dans un village voisin et l'avait quitté avant l'arrivée de son remplaçant. Le "train-fantôme" s'était remis à rouler peu à peu avant de dévaler une pente et d'arriver en trombe dans la ville de 6.000 habitants. Le président de Rail World, la maison mère de la MMA, Edward Burkhardt, ainsi que le conducteur du train, Tom Harding, ont déjà été interrogés par la police. Les enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports du Canada ont fait savoir pour leur part que "la force de freinage appliquée était insuffisante pour immobiliser le train sur une pente descendante de 1,2%". La police recherche toujours cinq victimes de la catastrophe qui a fait 47 morts.
La ville de Lac-Mégantic a par ailleurs annoncé qu'elle examinait avec ses avocats et le gouvernement du Québec ses recours après l'expiration d'une mise en demeure enjoignant la société MMA de lui rembourser une somme de quelque 4 millions de dollars qu'elle a dû payer pour les travaux de décontamination menés par des sous-traitants du transporteur ferroviaire.