L’INFO. Saïd n'était pas sur le bateau qui a coulé jeudi au large de Lampedusa. Mais ce Tunisien qui a fait le même voyage considère qu'il a "eu de la chance". Lui aussi a pris le bateau en Libye pour l'île de Lampedusa, première porte d'entrée pour les migrants arrivant d'Afrique. Jeudi, plus de 130 migrants ont trouvé la mort en tentant la même traversée. A bord du bateau se trouvaient quelque 500 personnes, dont 200 sont toujours portées disparues. Sur Europe 1, Saïd raconte son voyage. Bouleversant.
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Un bateau "pourri". Le soir du départ, les passeurs ont amené un petit bateau, se souvient Saïd, venu en Europe pour trouver du travail. "Ils disaient qu’il était en bon état, mais il faisait 16 mètres, le bateau, il était pourri. Tu entendais les claquements dès qu’il y avait une grande vague", souligne le Tunisien. A bord, les passeurs "peuvent mettre 500 mecs, sans problème. Ils remplissent à mort, a ras bord". Pendant le trajet, des seaux sont utilisés pour vider l’eau du bateau.
"Tu te frottes à la mort". Saïd décrit une traversée qui ressemble à un cauchemar et pendant laquelle "tu te frottes à la mort". "On s’accroche à notre Dieu, on voit des images passer dans nos têtes, nos familles", énumère Saïd. "Tout le monde est serré, il y a des gens qui n’ont pas l’habitude, qui vomissent", d’autres qui "pleurent". Pendant "cinq jours au moins", le Tunisien attendait "n’importe quel moment pour aller sauter et nager".
Un passage à 1.000 euros. Les passeurs ? "Des trafiquants", qui "achètent un petit bateau et vont gagner de l’argent avec", décrit Saïd, expliquant qu’il faut compter dans les 1.000 euros pour un passage. La traversée a beau être périlleuse et chère, cela ne dissuade pas les migrants : au premier semestre 2013, ils étaient près de 4.000 à débarquer sur les côtes de Lampedusa.