"Ça tirait dans tous les sens". La phrase est signée Roméo Langlois, le journaliste de France 24, enlevé par la guérilla des Farc, dans le sud de la Colombie et libéré mercredi. Interrogé par Europe 1, le reporter revient sur les événements qui ont précédé son rapt.
Le correspondant de la chaîne France 24 en Colombie a été capturé lors de l'embuscade d'une brigade qu'il accompagnait pour filmer une opération de démantèlement d'un laboratoire de drogue. De l'aveu du général Javier Rey, commandant de l'aviation de l'armée colombienne, l'équipe d'une trentaine de militaires, accompagnée par le journaliste, a été prise à partie sous le feu de quelque 200 guérilleros après avoir été déposée par des hélicoptères.
"Mon évacuation s'est révélée compliquée"
"Quand l'hélicoptère de la brigade a commencé à descendre, on s'est fait tirer dessus. On ne savait pas si c'était vraiment deux ou trois guérilleros qui tiraient à une centaine de mètres ou si c'était vraiment quelque chose de sérieux", se souvient-il. L'embuscade va durer plus de quatre heures. "Au bout d'une heure ou deux, les combats ont commencé à devenir de plus en plus précis. L'aviation est arrivée, elle a commencé à mitrailler les positions des Farc", raconte le journaliste.
Dès le début de l'attaque, un hélicoptère a tenté en vain de récupérer le journaliste, mais les tirs l'ont empêché de se poser. "Mon évacuation s'est révélée extrêmement compliquée. La guérilla nous a encerclés, la situation était très complexe, ils tiraient de très près. Au début, ils étaient à 200 mètres, mais ils ont commencé à se rapprocher. Ça tirait dans tous les sens. Les balles soulevaient des gerbes de terre à un mètre de nous. J'étais étendu sur le sol, avec un petit groupe de Colombiens qui essayaient de tenir la colline", raconte encore Roméo Langlois au micro d'Europe 1.
"Il faut que je sorte de là"
A ce moment là, le journaliste est blessé à l'épaule. Le sergent qui assurait sa sécurité a eu moins de chance que lui. "Il a été mortellement blessé à 200 mètres de moi. Il est mort devant mes yeux. Là, j'ai commencé à me dire que la guérilla était clairement en train de prendre le dessus. Je me suis dit, il faut que je sorte de là. Je suis parvenu à sortir du feu croisé, à me cacher", confie encore ému le journaliste de France 24.
Ce dernier est alors retrouvé par les Farc qui le soupçonnent d'être un conseiller militaire américain. "J'avais enlevé ma chemise pour qu'ils voient que j'étais un civil, pour qu'ils ne me tirent pas dessus. Je me suis dit : 'on ne tire pas sur un homme torse nu'. Je n'avais aucun accessoire en main, pas de caméra, aucune arme. C'est comme ça que je suis tombé dans la main des Farc", témoigne-t-il.
Par la suite, Roméo Langlois est parvenu à prouver qu'il était bien journaliste. En découvrant sa véritable identité, les Farc ont donc décidé de le libérer. Le processus de libération a duré plus de trente jours. Roméo Langlois, qui a décidé de retourner travailler en France, doit regagner le pays vendredi.