Il ne pouvait pas manquer le rendez-vous. Laurent Fabius, normand de naissance, se trouvait samedi matin aux abords du Mont Saint-Michel, d’où il assistait à la "marée du siècle" en compagnie d’une foule de curieux venus de France et d’ailleurs.
• Sur le tourisme, un objectif ambitieux
L’occasion pour le ministre des Affaires Etrangères, également en charge du tourisme, de rappeler ses objectifs en la matière : "Le tourisme représente actuellement près de 8% du PIB français et plus de 2 millions d’emplois avec 85 millions de visiteurs annuels, nous sommes le premier pays du monde dans ce domaine. Mon prochain objectif, c’est 100 millions de touristes en France."
Un enjeu économique majeur dans la lutte contre le chômage, et pour cause. "Si nous parvenons à attirer une bonne partie des nouveaux touristes, et nous avons tous les atouts pour, ça va créer de nombreux emplois. Et ces emplois-là, ils sont non-délocalisables", a rappelé Laurent Fabius.
• Sur le nucléaire iranien, des enjeux fondamentaux
Alors que les discussions sur le programme nucléaire iranien sont censées se conclure le 31 mars, Laurent Fabius a rappelé la position française sur le sujet : "L’Iran doit pouvoir avoir accès au nucléaire civil, mais pas à la bombe nucléaire. Sur ce sujet, ce que demande la France, c’est qu’on prenne les dispositions pour laisser le programme civil se développer tout en empêchant Téhéran d’obtenir les éléments techniques qui permettent de se doter de la bombe atomique."
Si le sujet peut paraître éloigné et technique, le numéro un du Quai d’Orsay rappelle toute l'importance d'obtenir un accord "robuste, qui inspire confiance à toutes les puissances de la région: "L’enjeu, c’est que si l’accord n’est pas suffisamment sérieux, les pays voisins tels que la Turquie ou l’Arabie Saoudite pourraient s’inquiéter et eux-mêmes se doter de l’arme nucléaire. Ce serait une prolifération catastrophique." Malgré cette crainte, Laurent Fabius reste optimiste et se félicite de l’accord provisoire passé l’année dernière "qui a permis de geler tous les programmes iraniens, ce qui a été confirmé par l’agence internationale de l’énergie atomique". Samedi, le président iranien Hassan Rohani, de retour au pays après la mort de sa mère alors qu'il reprendra les négociations avec les puissances occidentales mercredi prochain en Suisse, s'est montré optimiste sur l'issue des pourparlers : "Il n'y a rien qui ne puisse être résolu", a-t-il affirmé. Le chef de l'Etat iranien a conclu :"J'estime qu'un accord est possible".
•Sur la Tunisie, une position délicate à tenir
Interrogé sur l’attitude à avoir pour les touristes après les attentats du musée du Bardo à Tunis qui ont fait 21 morts dont trois Français, Laurent Fabius doit concilier l’impératif de protection de ses concitoyens et l’ambition de ne pas délaisser un pays dont l’économie repose en grande partie sur le tourisme : "L’ensemble de la région est sous risque, il faut le reconnaître honnêtement. Le terrorisme est devenu un risque pour tous les pays, pour l’Europe aussi : il n’y a que 300 kilomètres entre la rive sud de la Méditerranée et l’Italie. Ce que souhaitent les terroristes, c’est d’affaiblir des pays comme la Tunisie qui dépendent en grande partie du tourisme. La solution à long terme, c’est donc de continuer à venir en Tunisie, mais pour l’instant, les Français doivent s’en remettre aux consignes du site du Quai d’Orsay."
>> LIRE AUSSI - En Tunisie, la menace terroriste est permanente
>> LIRE AUSSI - Une rescapée : "Ce qui m'a sauvée, c'est les gens devant moi"