Santiago Ilidio Andrade a été mortellement blessé lors d'une manifestation contre la hausse du prix des transports.
L'INFO. Avec l'augmentation du prix des transports, le contexte social est particulièrement tendu au Brésil depuis plusieurs mois. Une nouvelle affaire a suscité une vive émotion jusqu'au sommet de l’État. Santiago Ilidio Andrade, 49 ans, caméraman de la chaîne de télévision brésilienne Bandeirantes, blessé jeudi, est mort lundi après avoir été diagnostiqué en état de "mort cérébrale".
A quatre mois du coup d'envoi du Mondial de football au Brésil, il s'agit du premier journaliste mortellement blessé lors d'une des violentes manifestations qui ont secoué le pays pendant et après la fronde sociale massive de juin 2013.
Que s'est-il passé ? Le journaliste avait été frappé jeudi en pleine tête par une fusée d'artifice allumée par un manifestant en direction de la police. Au moment de l'impact, il ne portait ni casque, ni masque à gaz, ni gilet pare-balles en caoutchouc. "Mon mari est en train de partir. Ils ont détruit une famille qui était unie, très unie", a réagi l'épouse du caméraman dans un entretien à la chaîne de télévision Globo, avant l'annonce de sa mort. La famille a précisé que plusieurs organes de la victime avaient été donnés. Santiago Ilidio Andrade sera incinéré jeudi à Rio de Janeiro.
Roussef critique ceux qui "n'ont aucun respect pour la vie". Une trentaine de journalistes ont rendu hommage lundi soir à leur collègue. Posant leurs appareils et caméras au sol, ils ont fait cercle en silence autour de la tache de sang imprégnée dans le bitume, à l'endroit où était tombé leur collègue pendant une première manifestation contre l'augmentation du prix du ticket de bus à Rio de Janeiro.
"Il n'est pas admissible que les manifestations démocratiques soient dénaturées par ceux qui n'ont aucun respect pour la vie", a réagi la présidente Dilma Rousseff sur son compte Twitter.
Le maire de Rio, Eduardo Paes, a quant à lui estimé que "la société doit réfléchir sur les limites entre le droit de manifester et les excès qui découlent du vandalisme et de la violence".
Batman parle "d'irresponsables". Un Carioca devenu très célèbre à Rio pour avoir participé à toutes les manifestations déguisé en Batman, s'est joint au concert de réprobations. "C'est une fatalité commise par des irresponsables qui ont sali la réputation des manifestants" en tuant "un héros qui risquait sa vie", a-t-il déclaré, brandissant une pancarte avec l'inscription : "En deuil pour Santiago".
Les auteurs interpellés. Les deux manifestants impliqués dans le tir de l'engin explosif à l'origine du drame ont été interpellés. Le premier avait été arrêté dimanche pour homicide involontaire après avoir confessé spontanément à la police avoir ramassé une fusée au sol pendant la manifestation et l'avoir passée à un autre manifestant. Après avoir affirmé qu'il ne connaissait pas ce second manifestant, il a fini par le dénoncer lundi et ce dernier a été à son tour interpellé.
Les journalistes "pas préparés". Le syndicat des journalistes de Rio de Janeiro a protesté contre le fait que les journalistes n'étaient "pas préparés pour affronter ce genre de risques". Il a exigé des entreprises de presse qu'elles les équipent en matériel de sécurité. Selon l'Association brésilienne de journalisme d'investigation (Abraji), 117 journalistes ont été blessés lors de manifestations depuis juin 2013.
La presse consacre largement sa "Une" à cette affaire :
Les manifestations reprennent depuis fin janvier. En 2013, la répression violente des premières manifestations contre la hausse du prix des transports urbains avait servi de détonateur à la fronde sociale. Après une accalmie depuis novembre 2013, les manifestations ont repris fin janvier 2014, principalement à Sao Paulo et Rio de Janeiro. Dirigées contre le Mondial de football ou la hausse du ticket d'autobus à Rio entrée en vigueur samedi, elles rassemblent jusqu'à présent beaucoup moins de monde qu'en juin 2013. Mais elles dégénèrent presque systématiquement en violents affrontements entre les manifestants anarchistes des Black Bloc et la police militaire. Lundi soir, une nouvelle manifestation contre cette flambée du prix du ticket de bus s'est déroulée lundi soir à Rio, rassemblant un bon millier de personnes.
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