Celui que Gabriel Garcia Marquez appelait "le plus grand poète du XXe siècle" a-t-il été assassiné ? Le Chili a annoncé son intention de rouvrir l’enquête sur la mort de Pablo Neruda, dont la mort il y a plus de quarante ans demeure un mystère. Selon la version officielle, le prix Nobel de littérature aurait succombé à un cancer le 23 septembre 1973, quelques jours après le coup d’Etat d’Augusto Pinochet. Mais certains assurent que le poète a en réalité été empoisonné.
Empoisonné à l’hôpital ? C’est le chauffeur de Pablo Neruda, Manuel Araya, qui soutient notamment cette version, raconte The Guardian. Peu avant sa mort, à l’âge de 69 ans, le poète l’aurait appelé depuis l’hôpital Santa Maria de Santiago et lui aurait dit qu’il se sentait mal après avoir reçu une injection à l’estomac. C’est la preuve, selon lui, que le poète, qui souffrait déjà d’un cancer, a été empoisonné.
A l’époque, le général Pinochet vient tout juste d’arriver au pouvoir. Pablo Neruda, lui, représente une menace potentielle : communiste et fidèle partisan du président renversé Salvador Allende, dont il fut l’ambassadeur à Paris, il a tout pour devenir un leader de l’opposition au nouveau pouvoir. D’après Manuel Araya, l’ambassadeur du Mexique lui propose alors de trouver refuge à Mexico. Mais Pablo Neruda ne connaîtra pas l’exil : douze jours après le coup d’Etat du 11 septembre, il meurt. Officiellement, d’un cancer de la prostate.
Le corps déjà exhumé en 2013. Pendant des années, le doute subsiste. A tel point que le corps de l’auteur de "Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée" est exhumé en 2013 à Isla Negra, où il repose, au bord de la mer. Plus d’une douzaine de spécialistes en médecine légale venus du Chili et d’ailleurs ont travaillé pendant des mois sur la dépouille. Le 8 novembre dernier, la sentence tombe : aucun agent chimique retrouvé sur le corps ne permet d’étayer la thèse de l’empoisonnement.
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Qu’à cela ne tienne, une partie de la famille du poète demeure convaincue qu’il a été assassiné et réclame une nouvelle enquête. Mercredi, Francisco Ugas, directeur du ministère chilien des droits de l’Homme, a annoncé qu’une nouvelle enquête allait être ouverte. De nouvelles analyses vont être menées, cette fois pour tenter de détecter des traces inorganiques ou de métaux lourds dans les restes du poète. Il s’agit de déterminer si des cellules ou des protéines ont été détruites par des agents chimiques, alors que la première vague d’analyses s’était concentrée sur la recherche de traces de poison.
Francisco Ugas en est certain : "il existe des preuves que [Pablo Neruda] a été empoisonné et les signes pointent vers l’intervention d’agents spécifiques", a-t-il déclaré, ajoutant que s’il était avéré, cet assassinat "pourrait constituer un crime contre l’humanité".
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