Ai Weiwei n'en finit plus d'agacer les autorités chinoises. L'artiste contestataire, sous contrôle rapproché de la police, ne peut désormais plus utiliser les quatre webcams qu'il avait installées à son domicile de Pékin pour tourner en dérision la surveillance constante dont il fait l'objet. Son site internet affiche désormais une page blanche.
"Ils m'ont demandé hier de les arrêter, après 46 heures de fonctionnement", a déclaré le dissident, en précisant avoir reçu cet "ordre strict" par un appel téléphonique. "Ils ne donnent jamais de raison, je n'ai jamais su le motif de mes 81 jours de détention" a t-il insisté.
La provocation sous tous les tons
Ai Weiwei en train de manger, dormir, jouant avec son chat... les internautes pouvaient voir le peintre, sculpteur et plasticien dans son quotidien pendant deux jours. L'artiste réside dans le quartier de Caochangdi où sont regroupées les galeries artistiques d'avant-garde déjà sous vidéo-surveillance permanente. En installant des caméras supplémentaires à son domicile-atelier, Ai Weiwei a affirmé une fois de plus son sens exacerbé de la provocation.
"J'ai installé ces caméras pour les gens qui s'inquiètent pour moi" :
"Je leur ai expliqué : vous avez 15 caméras pointées sur moi et la caméra que j'ai installée dans ma chambre à coucher est exactement la même que celle que j'avais au-dessus de ma tête durant mes 81 jours de détention. Donc je vous fais une faveur en vous permettant de conserver une surveillance rapprochée de mes faits et gestes", a raconté Ai Weiwei
"La liberté d'expression fait partie de la vie" :
Accusé de "pornographie"
Ai Weiwei n'en est pas à sa première provocation. N'hésitant pas à poser dans le plus simple appareil, ses photos de nu lui ont valu une enquête pour pornographie et une "mise au secret" pendant trois mois, de début avril à fin juin 2011. Pour protester contre cette détention et affirmer leur soutien à l'artiste, adulé à travers le monde, des internautes ont posté des photos d'eux, entièrement nus sur un blog "les fans d'Ai Wei nus". Depuis cette date, il vit sous surveillance, sans pouvoir quitter Pékin.
Pas de quoi adoucir l'artiste, toujours acerbe à l'encontre du Parti communiste chinois. En novembre 2011, nouvelle tentative des autorités pour le museler. Cette fois, c'est le nerf de la guerre qui est visé : l'argent. Accusé de fraude fiscale, Ai Weiwei reçoit une mise en demeure du fisc. L'Etat lui réclame 15 millions de yuans soit 1,7 million d'euros. Grâce à la mobilisation de 30.000 fans, l’artiste a pu s’acquitter d’une caution indispensable pour interjeter appel de ce redressement. En vain. Son appel a été rejeté la semaine dernière.