La France soutiendra une intervention armée de forces africaines au Mali, mais elle n'en prendra pas l'initiative. Ainsi Jean-Yves Le Drian résumait samedi la position du gouvernement au sujet du nord malien, occupé par les islamistes. "La France n'a pas à prendre une initiative militaire au Mali", a déclaré à quelques journalistes le ministre de la Défense, en marge d'une visite au festival interceltique de Lorient. "Elle souhaite que ce soient les forces africaines, en particulier celles de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest ndlr) et éventuellement de l'Union africaine, qui prennent l'initiative, c'est le sens de la résolution qui a été votée par le Conseil de sécurité".
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"Mais une intervention militaire africaine est souhaitable et inéluctable", a-t-il tout de même insisté. "La France la soutiendra et je l'espère, l'Union européenne aussi". Il s'agit pour les pays africains "d'assurer la stabilité politique à Bamako, qui n'est pas encore assurée même si le président (par intérim Dioncounda) Traoré est revenu de Paris à Bamako cette semaine, d'assurer un gouvernement d'union nationale, lui donner la souveraineté nécessaire et étendre cette souveraineté au Nord-Mali avec inévitablement une intervention armée que la France pourra soutenir mais dont elle ne prendra pas l'initiative".
"Éviter un Sahélistan"
La situation dans le nord du Mali est "très préoccupante", a jugé Jean-Yves Le Drian. "Il faut éviter par tous les moyens que cette partie du Mali devienne un 'Sahélistan', et les ingrédients sont en train de se rassembler pour qu'elle le devienne", a-t-il concédé, faisant un parallèle avec l'évolution de l'Afghanistan. Le ministre a ajouté que la question du Mali serait abordée lors d'un entretien qu'il aura avec son homologue espagnol Pedro Morenes, à l'occasion de quelques jours de vacances privées dans un village près de Madrid vers la mi-août.
Deux Espagnols membres d'organisations caritatives ont été libérés le 18 juillet au Mali, après avoir été enlevés en Algérie par un groupe se présentant comme une ramification d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Tombé fin mars aux mains de groupes armés, le nord du Mali est désormais contrôlé par des mouvements islamistes armés alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Le président François Hollande avait estimé le 14 juillet qu'il revenait aux Africains de "déterminer" quand et comment intervenir militairement dans le nord du Mali, tout en promettant la "solidarité" aux pays concernés. La Cédéao est disposée à envoyer une force de quelque 3.300 soldats pour aider l'armée malienne à reconquérir le Nord. Mais elle attend un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU et demande un appui logistique notamment à la France et aux États-Unis.