Ce n'est pas un raz-de-marée mais presque. Le Front de libération nationale, ancien parti unique a remporté 220 des 462 sièges au parlement algérien, où il formera le groupe le plus important, selon les résultats officiels des élections législatives de jeudi, rendus publics vendredi.
Le RND (Rassemblement national démocratique), parti du Premier ministre Ahmed Ouyahia, arrive en deuxième position avec 68 sièges, suivi de l'Alliance de l'Algérie verte (islamistes modérés), 48 sièges, a précisé le ministre. Ces deux partis nationalistes membres de l'Alliance présidentielle sortante détiennent donc la majorité absolue au sein de la nouvelle assemblée.
Pas de vague islamiste
Dans l’assemblée sortante, la majorité était partagée entre le FLN (139 sièges), le RND (62 ) et le MSP (51), précise le quotidien Les Dernières nouvelles d'Algérie. Le FLN a amélioré sa performance passant donc de 136 à 220 sièges, dont 68 femmes, tandis que son allié Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia a remporté six sièges supplémentaires, dont 23 femmes.
L'Alliance de l'Algérie Verte, coalition islamiste composée du Mouvement pour une société de paix, d'Ennahda et d'El Islah, essuie en revanche un sérieux revers avec 48 sièges seulement. L'ensemble de six des sept formations islamistes en lice, dont l'AVV, n'ont récolté que 66 sièges.
Malgré les appels au boycott, 42,36% des électeurs algériens ont participé au scrutin contre 35,67 en 2007. Il n'y a qu'"un seul vainqueur, en ce jour du printemps d'Algérie, c'est bien le peuple", s'est d'ailleurs félicité vendredi matin le quotidien gouvernemental El-Moudjahid en référence au "Printemps arabe" qui a balayé l'an dernier nombre de régimes en place depuis des décennies. L' Algérie, qui célèbre le cinquantième anniversaire de son indépendance, a, elle, résisté à la contagion.
La Kabylie toujours frondeuse
En revanche, en Kabylie traditionnellement contestataire, les islamistes très présents dans les maquis d'où ils lancent des attaques meurtrières contre les forces de l'ordre, semblent éliminés. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, le Front des Forces Socialistes (FFS) est revenu en force après avoir boycotté la scène électorale durant dix ans. Le plus vieux parti d'opposition du leader historique kabyle Hocine Aït Ahmed a remporté sept des 15 sièges en jeu devant le FLN, selon un décompte définitif.
A Bejaïa, en Petite Kabylie, le FFS remporte huit sièges sur 12. Trois seulement vont au FLN. Mais la Kabylie a eu la participation la plus faible à moins de 20% des 21,6 millions d'électeurs. Bien implanté en Kabylie, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD, 19 députés sortants) avait prôné le boycottage du scrutin. Avant l'annonce des résultats vendredi, le RCD avait d'ailleurs dénoncé dans le quotidien indépendant El Watan "les bourrages des urnes, les bus de faux électeurs, le dopage du taux de participation qui s’emballe en fin de journée, c’est-à-dire au moment où il n’y a plus grand monde dans les centres de vote, les dépouillements à la sauvette". Le parti affirmait que le taux de participation n’avait "pas dépassé les 18%".
Les islamistes parlent de "manipulation"
Un constat partagé par l’Alliance de l’Algérie verte. La coalition islamiste dénonçait également des fraudes massives. "Les résultats annoncés dans certaines wilaya ne traduisent pas la réalité. Des laboratoires qui travaillent au niveau central ont manipulé les résultats dans différentes wilayas", accusait Abderrezak Mokri, membre de l’Alliance de l’Algérie verte dans El Watan. "Nous tenons le président de la République comme le premier et principal responsable de ce qui se passe", ajoutait-il en précisant que "la tradition de la fraude se perpétue".
De son côté, l'Union européenne, qui a envoyé 150 des 500 observateurs étrangers présents dans le pays, a évoqué des conditions "généralement satisfaisantes sauf de petits incidents très limités".