Le G20, terrain d'affrontement entre Obama et Poutine

Le président russe Vladimir Poutine se montre toujours aussi inflexible et n’entend pas laisser tomber son allié, Bachar al-Assad.
Le président russe Vladimir Poutine se montre toujours aussi inflexible et n’entend pas laisser tomber son allié, Bachar al-Assad. © REUTERS
  • Copié
Charles Carrasco et Ksenia Bolchakova avec agences , modifié à
ZOOM - Syrie, Snowden et droits des homosexuels : les relations entre la Russie et les États-Unis sont dégradées. 

L’INFO. Les tensions entre Moscou et Washnigton empoisonnent jusqu'au protocole du G20. Barack Obama et Vladimir Poutine auraient dû être assis presque cote à cote lors du sommet qui s'ouvre mercredi à Saint-Pétersbourg, mais les organisateurs ont préféré les séparer. Au lieu de placer les dirigeant dans l'ordre alphabétique de la langue du pays d'accueil, en cyrillique, ils ont préféré utiliser l'alphabet latin. Cinq pays s'insèrent donc entre les deux chefs d'Etat, mais cette tactique ne permettra pas d'éviter les piques et les regards en biais. Car entre la Russie et les Etats-Unis, les contentieux ne manquent pas. Explications.

snowden 930

© Reuters

• Ed Snowden protégé. Signe que la tension est grande entre les deux grandes puissances, le président américain avait déjà annulé le tête-à-tête prévu avant le sommet du G20 lorsque la Russie a accordé l'asile politique à Edward Snowden, l'ancien sous-traitant de la National security Agency (NSA) à l'origine des révélations sur les programmes de surveillance américain. "Même si nous ne nous rencontrons qu'en marge du sommet, je suis sûr que ce sera utile. En tous les cas, il y a beaucoup de problèmes auxquels nous travaillons et nous avons intérêt à les régler", a prévenu Vladimir Poutine.

Et pourtant, l’homme fort du Kremlin n’a pas envie de lâcher dans le dossier Snowden. Mercredi, il a d’ailleurs redit dans une interview accordée à la télévision publique russe et à l'agence Associated Press, que l’ex-informaticien pouvait se sentir en sécurité en Russie qui lui a accordé un droit d’asile temporaire. "Je n'arrive pas à savoir ce qu'il a dans la tête (...) Au fond, il s'est condamné lui-même à avoir une vie plutôt difficile", a déclaré Vladimir Poutine. "Je ne peux même pas imaginer ce qu'il va faire après. Mais il est clair que nous ne le livrerons pas", a-t-il ajouté.

masque a gaz, syrie

© Reuters

La Syrie, terrain d’agression. Sur le terrain diplomatique, la tension n’a cessé de monter depuis plusieurs semaines. Le président russe Vladimir Poutine se montre toujours aussi inflexible et n’entend pas laisser tomber son allié, Bachar al-Assad. Mercredi, le président russe a mis en garde le Congrès américain contre l'approbation de frappes en Syrie qui constitueraient une "agression" si elles avaient lieu "en dehors du cadre des Nations unies". "Voilà, maintenant le Congrès et le Sénat américains sont occupés à légitimer une agression, et nous sommes tous collés devant les écrans de télévision à attendre si cela va être autorisé ou non", a assuré Vladimir Poutine, soulignant qu'une approbation de frappes en Syrie serait "inadmissible".

Il a ensuite clairement accusé le secrétaire d’État américain, John Kerry, d'avoir menti sur le rôle d'Al-Qaïda dans le conflit. "Ils ont menti à merveille, évidemment. J'ai vu les débats au Congrès. Un parlementaire a demandé à M. Kerry : 'Est-ce qu'Al-Qaïda se trouve là-bas ?' Il a dit : "Non, je vous dis en conscience que ce n'est pas le cas", a poursuivi le président russe qui réclame toujours des preuves de la responsabilité du régime.

>>> A lire : L'AVIS DE : "Ça n’a jamais fonctionné" entre Obama et Poutine

Obama Poutine

© REUTERS

Les droits des homosexuels pas respectés. Ce n’est pas forcément du goût de Vladimir Poutine. En marge du G20, le président américain Barack Obama a prévu de rencontrer vendredi des militants des droits des gays en Russie, notamment dans la ville natale du président russe. Il s'agira de représentants d'organisations défendant la cause homosexuelle, ainsi que les droits de l'homme, l'environnement et la liberté de la presse. L’homme fort du Kremlin est depuis plusieurs semaines au centre des critiques après avoir promulgué en juin une loi punissant la "propagande" homosexuelle devant des mineurs de peines d'amende et de détention. Elle est jugée discriminatoire par des défenseurs des droits de l'homme et très critiquée à l'étranger. A la veille de son arrivée en Russie, le président américain, qui avait déjà vertement critiqué cette loi, a plaidé mercredi à Stockholm en faveur des droits des homosexuels.

Vladimir Poutine a réaffirmé mercredi que les Jeux olympiques de Sotchi en février se dérouleraient sans discriminations contre les gays. "Vous pouvez être absolument certain que la Russie va respecter scrupuleusement les principes de l'olympisme qui interdisent toute discrimination", a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision publique Pervyi Kanal. "La Russie a adopté une loi qui interdit la propagande des relations sexuelles non traditionnelles parmi les mineurs, ce qui n'est pas du tout la même chose", a souligné Vladimir Poutine. Et de prendre un exemple : l'engouement des Russes pour le grand compositeur du XIXe siècle Piotr Tchaïkovski montre bien qu'il n'y a pas de discrimination envers les homosexuels en Russie, estime le président Vladimir Poutine. "Tchaïkovski était homosexuel. Il est juste de dire que si nous l'aimons ce n'est pas à cause de cela, mais c'était un grand musicien et nous aimons tous sa musique. Et alors ?", déclare Poutine.

>>> A lire : Sotchi : gays OK, mais alors discrets