L'INFO. Le pas est gigantesque. Le gendarme du nucléaire japonais a donné mercredi son accord pour le redémarrage de deux réacteurs nucléaires dans le pays, pour la première fois depuis le tsunami de 2011. Selon l’autorité indépendante créée après Fukushima, ces deux installations du Sud-Ouest remplissent les nouveaux critères de sûreté, notamment en matière de risques sismiques.
Le risque zéro n’existe pas. Le rapport de 420 pages, qui concernent les dispositions prises par Kyushu Electric Power sur ses deux réacteurs, met en avant la conformité de l’installation avec les nouveaux standards pour faire face aux tsunamis, séismes, éruptions volcaniques, tornades et autres catastrophes. Mais le président de cette autorité, chien de garde du nucléaire, a précisé qu’il est impossible d’affirmer que les risques sont nuls : "L’examen sert à mesurer si les normes sont respectées pour que le danger soit réduit autant que possible", a déclaré Shunichi Tanaka.
Depuis la catastrophe de Fukushima, le Japon a durci ses règles de sécurité et s’enorgueillit d’avoir les installations de production d’électricité les plus sûres du monde et va tenter d’exporter son modèle.
Le gouvernement veut relancer les réacteurs. Cette décision de l’autorité indépendante ouvre la voie à un redémarrage des réacteurs, peut-être d’ici l’automne. Le parc de 48 réacteurs avait été totalement arrêté après 2011 et aucune des installations n’avait jusque-là obtenu le précieux sésame.
La volonté du gouvernement de Shinzo Abe est de remettre en marche "tous les réacteurs jugés sûrs par l’autorité de régulation", a répété le porte-parole du gouvernement, mercredi. Depuis l’arrêt total de la production d’énergie nucléaire, le Japon est obligé d’importer à prix d’or son énergie, au détriment de sa croissance et de sa balance commerciale.
Des inquiétudes. Mais dans son projet, le Premier ministre se heurte à une partie de la population, toujours inquiète de voir les réacteurs nucléaire redémarrer. Un rassemblement anti-nucléaire a immédiatement eu lieu devant l’installation à l’annonce de ce feu-vert.
L’ONG Greenpeace soulève "l’absence de plan réel d’évacuation de la population en cas de nécessité, notamment des personnes âgées, des enfants ou des personnes hospitalisées". Selon l’organisation écologiste, "des milliers d’habitants de la préfecture de Kagoshima (où se trouvent les réacteurs, ndlr.) et de la province voisine de Kumamoto ont fait part de leurs inquiétudes".
Le même jour, un nouveau séisme de 4,6 sur l’échelle de Richter s’est produit dans la région de Fukushima. La semaine précédente, un fort tremblement de terre de 6,8 avait provoqué un mini-tsunami dans la même zone.