L’INFO. La communauté internationale a les yeux braqués sur la Mali. Après 18 mois de crise politique et militaire, près de sept millions de Maliens sont en effet appelés à voter, dimanche, au premier tour de l'élection présidentielle; Objectif du futur dirigeant : entamer le redressement et la réconciliation de leur pays, encore traumatisé et exsangue financièrement.
Pléthore de candidats. Le président malien par intérim Dioncounda Traoré a décidé de ne pas se présenter. Mais ils sont nombreux à vouloir relever le défi de réconcilier les différentes communautés. Vingt-sept candidats se présentent à ce premier tour, qui devrait être suivi le 11 août d'un second tour entre les deux candidats arrivés en tête. Deux anciens Premiers ministres - Ibrahim Boubacar Keïta et Modibo Sidibé - et un ex-ministre des Finances, Soumaïla Cissé, sont considérés comme les favoris.
La France critiquée. Le 22 mars 2012, un coup d'Etat a précipité la chute du Nord du Mali aux mains de groupes islamistes de la mouvance Al-Qaïda. En janvier 2013, une intervention militaire internationale, menée par la France, a été lancée pour stopper une avancée vers le Sud des islamistes armés et les chasser du Nord qu'ils occupaient depuis neuf mois. Une intervention unanimement saluée. Mais depuis, Paris a les oreilles qui sifflent.
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La forte pression exercée par la France sur le régime de transition pour qu'il organise au plus vite des élections a en effet engendré de nombreuses critiques. Certains Maliens craignent que cette précipitation aboutisse à un scrutin "bâclé" et des résultats contestés. Un des candidats, Tiébilé Dramé, artisan d'un accord de paix signé en juin à Ouagadougou entre Bamako et la rébellion touareg, qui avait réclamé en vain un report du scrutin, a retiré sa candidature pour protester contre ce manque de préparation. Et l'attitude de la France qui, selon lui, a porté atteinte à la "dignité" des Maliens en les pressant.
Un scrutin qui inquiète. Si le taux de participation aux élections est généralement faible au Mali - souvent autour de 40% - c’est surtout la sécurité des électeurs qui inquiète la communauté internationale. Quelque 6.300 soldats de la force de l'ONU, la Minusma, aidée des 3.200 soldats français encore présents au Mali seront ainsi déployés un peu partout sur le territoire.
L’un des groupes jihadistes qui ont occupé le Nord, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), a menacé de "frapper" les bureaux de vote et mis en garde "les musulmans maliens contre la participation à ces élections". Louis Michel, chef de la centaine d'observateurs de l'Union européenne (UE) déployés au Mali, a toutefois affirmé qu'en dépit des craintes et des insuffisances, "ces élections peuvent se dérouler dans un contexte et dans des conditions acceptables qui ne permettront pas une interprétation ou un dévoiement du résultat".