La pression internationale ne cessait de monter depuis l’assaut meurtrier de la flottille humanitaire le 31 mai dernier. Jeudi, le cabinet de sécurité israélien a annoncé avoir décidé d'alléger le blocus terrestre imposé à la bande de Gaza depuis quatre ans et la victoire du Hamas aux élections législatives. Que signifie cette décision ? Quelles vont être les conséquences pour les habitants ? Eléments de réponse.
Quels biens vont désormais pouvoir passer ? Le gouvernement de Benjamin Netanyahou a décidé de "d'assouplir le dispositif qui permet aux biens civils de pénétrer dans la bande de Gaza et d'accroître le flux de matériaux nécessaires aux projets civils sous supervision internationale". En revanche, le texte précise bien que tout sera fait pour "prévenir l'entrée d'armes et de matériel de guerre".
Pas de liste des produits
Qu’est-ce que cela va changer pour les Gazaouites au quotidien ? La liste précise des produits qui vont pouvoir entrer dans la bande de Gaza n’a pas été détaillée. Il y a une semaine, Israël avait déjà annoncé un assouplissement du blocus pour les seuls vivres, "produits alimentaires et boissons de base". Devaient alors être concernés les chips, les biscuits, l'houmous et les jus de fruit.
"Ils vont envoyer des hors d'oeuvre. Nous attendons encore le plat principal", avait ironisé le ministre palestinien de l'Economie. Selon un rapport publié début juin par l'organisation israélienne des droits de l'Homme Gisha, Israël n’autorise actuellement l’entrée que de 97 produits à Gaza. Des denrées sans lien direct avec la sécurité et dont l’interdiction pèse directement sur la population civile. Le vinaigre, le caoutchouc, la colle, les jouets, le gingembre ou la coriandre sont par exemple bannis.
Quel impact pour le territoire de Gaza ? L’enjeu principal autour du blocus concerne aujourd’hui les matériaux de construction. Lors de l’offensive israélienne menée fin 2008 et début 2009 contre Gaza, de très nombreuses habitations et infrastructures publiques ont été détruites. Mais Israël craint que le ciment soit utilisé par des terroristes pour construire par exemple des blockhaus.
Un "grand progrès" mais "insuffisant"
Et pour les liaisons par la mer ? La flottille humanitaire entendait casser le blocus imposé à Gaza par la voie maritime. Sur ce point, Israël n’a fait aucune avancée. Reste les tunnels, illégaux, creusés sous la frontière égyptienne. C’est par là que 80% des marchandises, selon la Banque mondiale, arriveraient à Gaza.
La communauté internationale va-t-elle en rester là ? Pas sûr que l’allègement consenti par Israël réponde à toutes les attentes. Le blocus de Gaza par Israël doit être "levé immédiatement", avait déclaré début juin le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Même les Etats-Unis, allié historique d’Israël, a fait savoir que ce blocus était "intenable". Le Hamas a exigé jeudi la levée totale du blocus. Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française, a parlé quant à lui de "grand progrès" mais "insuffisant".