La stabilité du pays semble à nouveau compromise. Une série d'attentats à la bombe a frappé Bagdad jeudi, faisant au moins 72 morts et 217 blessés, selon le ministère de la Santé. Moins d'une semaine après le départ des troupes américaines, ces attaques coordonnées contre la communauté chiite sont le signe supplémentaire d'un regain de tension en pleine crise entre chiites et sunnites au sommet de l'Etat.
Dans une attaque apparemment coordonnée contre la communauté chiite, plus d'une douzaine de bombes ont explosé, pour la plupart en pleine heure de pointe matinale. Au même moment près de Baqouba, à 60 km de Bagdad, une famille de cinq personnes, dont le père et le fils étaient membres de la milice tribale sunnite Sahwa, qui combat Al-Qaïda, a été abattue par des insurgés, ont annoncé des responsables de la sécurité et de la santé. Et à Mossoul, deux militaires ont été tués lorsqu'un point de contrôle tenu par l'armée a été pris pour cible par balles.
Des tensions au sommet de l'Etat
Ces attentats interviennent en pleine crise au sommet de l'Etat entre chiites et sunnites. D'où une vive inquiétude d'un retour des violences confessionnelles. Le vice-président sunnite Tarek Hachémi est accusé d'avoir financé des attentats, et le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki a menacé de cesser de partager le pouvoir au sein du gouvernement d'union nationale laborieusement mis sur pied il y a un an.
Le président du Parlement irakien, le sunnite Ossama al-Noujaifi, a appelé à une réunion d'urgence des dirigeants des blocs politiques vendredi. Quant au Premier ministre, il a promis que "les criminels et ceux qui sont derrière eux" seraient punis "tôt ou tard", estimant que "le moment et les lieux choisis pour ces crimes prouvent une nouvelle fois à ceux qui en douteraient la nature politique" des attentats.
La crainte d'un embrasement
Face à la menace d'un nouvel embrasement ethnique, la communauté internationale a appelé les deux communautés religieuses à dialoguer pacifiquement.
"De telles tentatives d'enrayer les progrès de l'Irak échoueront. L'Irak a souffert d'attentats affreux du même genre dans le passé, et ses forces de sécurité ont démontré qu'elles étaient capables d'y faire face et de maintenir la stabilité" du pays, a affirmé le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney.
Mark Toner, un porte-parole du département d'Etat, a discerné pour sa part un lien entre les attentats et "cette période vulnérable après le retrait des forces américaines". Il a appelé les dirigeants du pays à "agir rapidement pour résoudre leurs différends" et à s'unir.