Mouammar Kadhafi se pose en remparts contre Al-Qaïda dans une interview exclusive au Journal du Dimanche, qui inaugure sa nouvelle formule avec un format tabloïd. Le dirigeant libyen s’étonne "que l’on ne comprenne pas qu’il s’agit ici d’un combat contre le terrorisme".
Al-Qaïda tire les ficelles de la révolte, selon Kadhafi
Il accuse le mouvement d’Oussama Ben Laden d’être à l’origine de la révolution du jasmin qui s’est propagée dans le monde arabe depuis décembre 2010. "Quand il y a eu la confusion en Tunisie et en Egypte, (…) Al-Qaïda a donné instruction à ses cellules dormantes en Libye de faire surface", assure Mouammar Kadhafi.
Le guide suprême de Libye a de nouveau condamné Al-Qaïda affirmant que les Libyens suivent les islamistes du mouvement terroriste. "Les jeunes ne connaissaient pas Al-Qaïda, ni l’idéologie de cette organisation. Mais les membres de ces cellules vont jusqu’à leur donner des pilules hallucinogènes. (…) Aujourd’hui, ces jeunes ont pris goût à ces pilules et pensent que les mitraillettes sont comme une sorte de feu d’artifice", a-t-il affirmé dans cette longue interview au journal hebdomadaire français.
Mouammar Kadhafi se défend également d’avoir "jamais tiré sur (son) peuple". Et ce, même s’il dit être conscient que dans des combats contre l’islamisme, il y a souvent des victimes civiles : "Vous ne croyez pas que les Israéliens bombardent Gaza et des victimes civiles à cause des groupes armés qui s’y trouvent ? Et en Afghanistan ou en Irak, vous ne savez pas que l’armée américaine fait régulièrement des victimes civiles ? Est-ce que l’Otan en Afghanistan ne tire jamais sur des civils ?". Et de réaffirmer :"Ici, en Libye, on n’a tiré sur personne".
Kadhafi souhaite une enquête de l'ONU
Le dirigeant libyen, au pouvoir depuis 41 ans, est confronté depuis la mi-février à une insurrection sans précédent, l'Est du pays échappant au contrôle du pouvoir central. Depuis une semaine, l'ONU a entrepris des sanctions contre le régime de Mouammar Kadhafi, en raison de la répression contre l'opposition libyenne. Il s'étonne aujourd'hui de cette situation avec la communauté internationale. "Nos services de renseignement coopèrent. Nous vous avons beaucoup aidé ces dernières années ! Alors pourquoi lorsque nous sommes dans un combat contre le terrorisme ici en Libye on ne vient pas nous aider en retour !", se demande-t-il dans le JDD.
"Je voudrais qu’une équipe d’enquête des Nations unies ou de l’Union africaine se rende ici, en Libye. Nous allons permettre à cette commission d’aller voir sur le terrain, sans aucune entrave", explique ensuite Mouammar Kadhafi, avant de taper sur notre pays. "La France a de grands intérêts en Libye. Nous avons beaucoup travaillé avec Nicolas Sarkozy, nous avons collaboré ensemble dans plusieurs dossiers, plusieurs causes. La France aurait dû être la première à envoyer une commission d'enquête. J’espère qu’elle changera son attitude à notre égard. (…) Que la France prenne vite la tête de la commission d’enquête, qu’elle bloque la résolution de l’ONU au Conseil de sécurité, et qu’elle fasse arrêter les interventions étrangères dans la région de Benghazi", explique le dirigeant de la Libye.
"Un QG au coeur de Tripoli"
Le journaliste du Journal du Dimanche qui a rencontré Mouammar Kadhafi a raconté sa rencontre de près d'une heure avec le dirigeant libyen, dans une vidéo. Laurent Valdiguié a expliqué notamment avoir "attendu longtemps et tout d’un coup les choses se sont débloquées ‘à la libyenne’".
"Jusqu'à la dernière seconde, on ne sait pas si on va vraiment le voir" :
Laurent Valdiguié a discuté avec Mouammar Kadhafi "dans son QG au cœur de Tripoli (…), il a des tentes, des chameaux, (…) il fait un peu froid en Libye donc il est vêtu comme aux sports d’hiver". Il était accompagné d'un photographe, dont le reportage photo est aussi à découvrir sur le JDD.fr.