Avec lui, c’est tout un pan de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale qui s’éteint. Chester Nez était l’un des 29 Indiens navajos qui ont participé à la création d'un code de communication utilisé par l’armée américaine. Code que les Japonais n'ont jamais réussi à déchiffrer.
Recruté par la Marine en 1942. Ce petit groupe d’Indiens navajo était appelé les "Code Talkers". Leur mission ? Mettre au point un langage codé pour les communications sur le champ de bataille en s'appuyant sur la complexité de la langue navajo, tonale et non écrite. C’est dans ce cadre que le caporal Chester Nez avait été recruté par le corps des Marines en mai 1942.
Le groupe avait réussi à mettre au point un langage si complexe que jamais les Japonais, à qui les Etats-Unis livraient bataille pendant la guerre du Pacifique, n’ont réussi à percer le secret. Un succès dont l’Indien navajo était fier. "Je suis très fier de dire que les Japonais ont tout fait pour déchiffrer le code mais n'y sont jamais parvenus", avait confié l'an passé Chester Nez au quotidien militaire Stars and Stripes.
La langue des Navajos est en effet réputée pour sa complexité. "Le pouvoir de notre langue a été partagé avec le monde pendant la Seconde Guerre mondiale quand les 29 premiers "Code Talkers" se sont portés volontaires. Malheureusement, nous avons perdu le dernier survivant des ces 29 hommes, Chester Nez, qui s'est éteint dans son sommeil ce matin", à l’âge de 93 ans, a regretté le président de la nation navajo, Ben Shelly.
Pour bombardier ? Le code "oiseau enceinte". Des Indiens des tribus Choctaws, Comanches ou encore Seminoles ont également participé aux combats contre les Allemands ou les Japonais. Ils étaient chargés de transmettre dans leur langue des messages codés. Faute d'équivalents, il fallait parfois transcrire avec des mots du quotidien: "avion" est devenu "oiseau" et "bombardier" "oiseau enceinte".
Un code qui aurait pu encore servir aujourd’hui. Le code navajo attribuait aussi un mot indien pour chaque lettre de l'alphabet latin : en Navajo, le mot "moasi", qui signifie "chat", était par exemple utilisé pour signifier la lettre "c". Le code resta classifié jusque dans les années 1980, l'armée américaine ayant longtemps pensé qu'il pourrait toujours être utile en cas de nouveau conflit.
400 Amérindiens navajos dans le Pacifique. Episode méconnu de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, la participation des Navajos aux combats dans le Pacifique a été précieuse aux Américains. Chester Nez avait participé aux batailles du Pacifique à Guadalcanal, Guam, Peleliu ou encore à Bougainville. Au total, quelque 400 Amérindiens navajos ont pris part aux combats dans le Pacifique comme "Code Talkers".
L’hommage des Marine aux "Code Talkers". La mort de Chester Nez "marque tristement la fin d'une ère pour notre pays et l'histoire du corps des Marines", a salué le colonel David Lapan, un porte-parole des Marines. "Les Code Talkers navajos ont apporté une contribution inestimable sur le théâtre du Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale", a-t-il ajouté, en évoquant "leurs actions héroïques".