L'arrestation de Ratko Mladic et son procès à venir pourraient réveiller des souvenirs embarrassants pour la France sur le massacre de Srebrenica, qui a coûté la vie à 7.000 à 8.000 civils bosniaques en 1995.
Le rôle de l'armée française et particulièrement du général Bernard Janvier, qui commandait les troupes de l'Onu en Bosnie en 1995, avait été très critiqué en 2001 dans un rapport parlementaire de l'Assemblée nationale qui examinait l'hypothèse d'un accord entre Paris et le général Mladic.
Une erreur commise ?
En l'absence de résistance de quelques centaines de casques bleus hollandais dépourvus d'armes lourdes, des milliers de miliciens serbes avaient envahi l'enclave musulmane, pourtant déclarée "zone de sécurité" par les Nations unies.
La mission d'information parlementaire reprochait au général Janvier d'avoir "commis une erreur" en refusant de déclencher des frappes aériennes qui auraient pu empêcher les troupes de Ratko Mladic de s'emparer de Srebrenica. "La mission d'information est convaincue qu'en effectuant des frappes massives sur la route sud, la seule qui menait à Srebrenica, l'Onu et l'Otan auraient pu arrêter l'offensive", estiment les auteurs du rapport.
La commission a cependant écarté, "à la majorité de ses membres", l'hypothèse selon laquelle cette absence de frappes pourrait avoir été négociée au préalable entre les Serbes de Bosnie et Paris afin d'obtenir en juin 1995 la libération de centaines de casques bleus, notamment français, pris en otage.
Une rencontre entre Janvier et Mladic
La conviction de la majorité des membres de la mission d'information est "qu'il n'y a pas eu d'accord secret entre les généraux Bernard Janvier et Ratko Mladic, a fortiori entre les autorités françaises et serbes", lisait-on dans le rapport. La mission admettait cependant que toute la lumière n'avait pas été faite sur cet épisode et relevait que le général Janvier avait bien rencontré Ratko Mladic le 4 juin 1995 à Zvornik (Bosnie), épisode qui devrait être évoqué au procès.
Un document rendant compte de l'entretien, transmis à l'Onu à New York le 15 juin, rapporte que la "République serbe ne menacera plus la vie ou la sécurité des membres de la Forpronu" et que "la Forpronu s'engage à ne plus faire usage de la force qui conduit à l'utilisation des frappes aériennes". La France, qui a perdu 56 soldats en Bosnie, n'était pas la seule à être stigmatisée dans ce rapport, qui dénonçait l'impuissance de toute la communauté internationale en Bosnie.