C’est un portrait au vitriol de l'ex-président tunisien Ben Ali et de sa femme Leïla Trabelsi que signe Lofti Ben Chrouda. Dans son livre Dans l’ombre de la reine, le majordome, à grand renfort de détails sordides, raconte les vingt années passées au service de la famille au pouvoir, plus particulièrement de Leïla Trabelsi.
Interviewé sur Europe 1, il fait état du goût de sa maîtresse pour "la magie noire", qu’elle utilisait afin de "manipuler" son mari, "pour qu’il soit toujours obéissant". Dans son livre, le majordome parle d’une cohorte de sorciers, que Leïla Trabelsi faisait venir du Maroc, du Sénégal ou du Mali. Des sorciers qui avaient beaucoup plus d’importance que les ministres.
"Tout le personnel avait peur" de Leïla Trabelsi
Leïla Trabelsi était, d’après son majordome, "celle qui dirigeait le pays". Selon Lofti Ben Chrouda, "Ben Ali était devenu une silhouette qui n’avait plus aucun pouvoir". Alors que, dans la maisonnée, "tout le personnel avait peur" d’elle. Il faut dire que la fuite était sanctionnée par la prison ou la mort.
Et la famille royale n’aurait pas hésité, pour accroître sa puissance, à "exproprier" le majordome de sa maison de Sidi Bou Saïd. Le signe, pour Lofti Ben Chrouda, d’une famille "sans pitié avec n’importe qui".
On comprend mieux alors à quel point tout un empire s’écroule avec la révolution tunisienne, et la fuite, un vendredi soir de janvier, de la famille Ben Ali vers l’Arabie Saoudite. "Moi qui connais bien Leïla Trabelsi", assure le majordome, "je suis sûr et certain qu’elle doit être en ce moment dans une souffrance énorme". "Elle ne s’attendait pas à ce que cette jeunesse qu’elle a torturé, martyrisé, se révolte". Et personne ne s'attendait à ce que cette révolte débouche sur la chute du régime.