Il a répété avoir agi "par amour de l'Eglise". Paolo Gabriele, le majordome du pape, poursuivi pour "vol aggravé" de centaines de documents confidentiels dans l'affaire "Vatileaks", a été condamné samedi à un an et demi de prison par le Tribunal du Vatican. Mais il pourrait bien ne pas se retrouver derrière les barreaux : la possibilité qu'il soit gracié par le pape est en effet "très concrète et très vraisemblable", selon le porte-parole du Saint-Siège.
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En attendant, Paolo Gabriele, 46 ans, reste aux arrêts domiciliaires. Il n'envisage pas de faire appel de sa condamnation et se dit "serein", "prêt à accepter toutes les conséquences" de ses actes.
"Conscience d'avoir trahi le pape"
Au terme d'un procès d'une semaine, le Tribunal a d'abord décidé de condamner l'accusé à trois ans de prison, mais a immédiatement réduit la peine de moitié. Giuseppe Dalla Tore, le président du tribunal, a expliqué que l'ex-employé modèle bénéficiait de circonstances atténuantes.
Son casier judiciaire vierge, ses "états de service", sa "conduite lors du procès", sa "conscience d'avoir trahi le pape" et sa conviction, que le juge ne partage pas, de "servir l'Église", ont en effet plaidé en sa faveur. L'interdiction d'exercer des responsabilités dans des administrations publiques, demandée par le promoteur de justice, c'est-à-dire le procureur, ne se retrouve pas dans le verdict.
Un procès critiqué
Dans son jugement, le président du tribunal a en outre affirmé qu'il n'y avait aucune "preuve de complicité" dans cette affaire baptisée "Vatileaks" par la presse. Au service du pape depuis 2006, Paolo Gabriele n'aurait donc pas été aidé par un complice quand il a transmis aux médias une partie des milliers de documents qu'il dissimulait dans son appartement, et qui révèlent les intrigues dans les plus hautes sphères du Saint-Siège.
En termes de transparence, ce procès est une grande première dans l'histoire du Vatican. Mais des voix se sont élevées pour dénoncer un camouflage, destiné à couvrir un scandale plus large encore. Giuseppe Dalla Tore a notamment été critiqué pour sa conduite du procès : en s'en tenant strictement au chef d'accusation de "vol aggravé" retenu contre le majordome, il a empêché toute mention des autres aspects de l'affaire Vatileaks.