Paolo Gabriele sera bien jugé par la justice du Vatican. Cet ancien majordome de Benoît XVI est accusé d’avoir fait sortir de nombreux documents ultra-confidentiels hors de l’Etat-cité. C’est un tribunal du Vatican qui a annoncé lundi la tenue de ce procès, en dévoilant aussi pour la première fois le nom d’un complice, Claudio Sciarpelletti, un informaticien de la Secrétairerie d'Etat. Le procès n'aura pas lieu avant le 20 septembre, a déclaré dans une conférence de presse, le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, sans donner de dates.
Un chèque, une pépite d'or....
Paolo Gabriele sera jugé pour vol aggravé.Il est accusé de s'être emparé sur le bureau de Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier du pape, de dizaines de lettres et courriels ultra-secrets, dont certains adressés à Joseph Ratzinger, alias Benoît XVI, et les avoir photocopiés pour les transmettre à l'extérieur.
Il a été arrêté le 23 mai, a été assigné à son domicile au Vatican le 21 juillet après 53 jours de détention dans une cellule du palais de justice, derrière la basilique Saint-Pierre, en l'absence de prison. Parmi les objets saisis, au milieu d'"une masse de documents entreposés dans le plus grand désordre" dans l'appartement de Gabriele, a été retrouvé un chèque de 100.000 euros adressé au pape, une pépite d'or et une édition précieuse de l'Enéïde datant de 1581, offertes au pape, selon le rapport du juge d'instruction.
"Grave malaise psychologique"
Deux expertises ont été effectuées par le parquet et les avocats sur l'état mental de Gabriele, jugé normal mais révélant tout de même une fragilité, a indiqué le père Lombardi. Le rapport d'un des experts, Tonino Cantelmi, parle de "grave malaise psychologique caractérisé par l'inquiétude, la tension, la colère, la frustration". Les expertises ont révélé une "tragique contradiction" entre "l'intention de Gabriele de faire du bien" au pape, et "la gravité des actes accomplis" ainsi qu'une "distance" entre la figure modèle du majordome et ce qu'il a fait, a dit le père Lombardi.
Paolo Gabriele, 46 ans, marié et père de trois enfants, homme pieux et discret, qui a la nationalité vaticane, avait commencé à travailler pour lui en 2006 comme majordome. Il était chargé de préparer ses habits de cérémonie et l'accompagnait dans la papamobile. C'était "le premier et le dernier à voir le pape", selon des connaisseurs du Vatican. Benoît XVI a ressenti cette trahison avec douleur, selon son entourage.
"D'autres personnes"
Jusqu'à présent, Paolo Gabriele était l'unique prévenu dans l'affaire Vatileaks. Mais pour la première fois lundi, la justice a dévoilé un autre nom. Claudio Sciarpelletti sera jugé pour recel, a indiqué le juge d'instruction Piero Bonnet, précisant toutefois que l'informaticien n'était pas vraiment un complice et qu'il avait eu "un rôle marginal".
D'autres personnes pourraient toutefois être inquiétées. Le père Lombardi, citant le procureur Nicola Picardi, a en effet souligné que la magistrature s'était "trouvée devant une réalité très ample et complexe". "Nous ne pensons pas avoir terminé notre travail. L'enquête reste ouverte à l'égard d'autres personnes qui apparaissent impliquées", a-t-il dit reprenant des propos du procureur.