Un jeune, cheveux cachés par un bonnet, la bouche et le nez recouverts d’un foulard : la personnalité de l’année 2011 n’est pas un président ou un chef d’entreprise. Le magazine Time a au contraire choisi de distinguer le manifestant, en hommage aux protestataires qui ont envahi les rues du Caire, de Tripoli, de Tunis, d’Athènes, de New York ou plus récemment de Moscou. Le manifestant succède ainsi à Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, Ben Bernanke, président de la réserve fédérale américaine, et Barack Obama, distingués ces dernières années.
Time explique son choix par le fait que le manifestant a "capturé et souligné un sentiment mondial d’espoir de changement, renversé des gouvernements et les idées toutes faites, combiné les techniques les plus anciennes avec les technologies les plus modernes". Avec un but : "mettre en lumière la dignité humaine et guider la planète sur la voie d’un 21e siècle plus démocratique bien que parfois plus dangereux".
Kate Middleton et Ai Weiwei finalistes
Parmi les finalistes figuraient cette année l’artiste dissident chinois Ai Weiwei et Kate Middleton, qui a épousé le prince William. Paul Ryan, président de la commission du budget au Congrès américain, et l’amiral William McRaven, qui a dirigé les opérations ayant conduit à la mort de Ben Laden en mai dernier, étaient également sur la liste.
Mais Time leur a préféré la figure de la protestation. En annonçant le choix de son magazine sur la chaîne NBC, Rick Stenel, directeur de la rédaction, n’a pas hésité à affirmer que "ces gens ont déjà changé l’Histoire et ils changeront l’Histoire à l’avenir". "Ils incarnent littéralement l’idée que l’action individuel peut aboutir à un changement collectif et colossal", peut-on lire dans le magazine.
Des enjeux différents partout
Soulignant que "les enjeux sont très différents, dans des lieux très différents", Time note que les manifestants de 2011 étaient partout "très jeunes, éduqués et appartenant à la classe moyenne". "Partout dans le monde, les protestataires de 2011 partagent l’idée selon laquelle le système politique de leur pays est devenu corrompu et dysfonctionnel".
Time revient sur les révolutions en Tunisie et en Egypte, sur le mouvement des Indignés en Espagne, sur les manifestations à Athènes, Tel Aviv et Londres, ainsi que le mouvement Occupy Wall Street aux Etats-Unis. Et termine en citant le dernier mouvement en date, celui né en Russie après des élections législatives controversées. Un mouvement que "personne n’avait vu venir" et qui, selon Time, utilise les mêmes recettes que les autres protestations de 2011.