L’INFO. La "Journée des martyrs" a fait long feu vendredi en Egypte. Les Frères musulmans, apparemment toujours "sonnés" par la répression sanglante mise en place par le pouvoir militaire depuis le 3 juillet, n'ont pas réussi à mobiliser les foules. Le mouvement est-il en train de s’essouffler ?
Que s’est-il passé lors de cette "Journée des Martyrs" ? Depuis plusieurs jours, malgré les appels quotidiens à manifester, les rassemblements ont compté peu de participants. D'autant que les grandes villes -en particulier Le Caire- sont sous le joug de l'état d'urgence et d'un couvre-feu, avec leurs grands axes bloqués par des chars et des barrages de police.
Vendredi, les forces de l'ordre ont mis en place un dispositif de sécurité relativement discret en prévision des grands défilés annoncés à la sortie de la prière hebdomadaire dans 28 mosquées du Caire. Mais les prières de la mi-journée ont en fait été annulées dans certaines mosquées et peu de manifestations de grande ampleur ont eu lieu au Caire. Des témoins ont assuré qu’une marche d’un millier de personnes s’est tenue dans le quartier de Mohandissine au Caire. Cette manifestation-là s'est déroulée sans violence. En revanche, le site internet des Frères musulmans a fait état de la mort d'une personne à Tanta, ville du delta du Nil, au cours d'affrontements avec les forces de sécurité.
D’autres cortèges. Les partisans des Frères sont également descendus dans la rue à Alexandrie, dans plusieurs villes du delta, mais aussi à Ismaïlia au bord du canal de Suez, à Rafah dans le nord du Sinaï, de même qu'à Assiout, dans le sud du pays. Des échauffourées ont été signalées en certains endroits.
"Une guerre menée contre nous". Les Frères musulmans, dont près d’un millier ont péri en huit jours, ont opté pour de plus petits rassemblements. Ibrahim, interrogé par Europe 1, justifie leur petit nombre : "s’il y a moins de monde, c’est à cause de l’état d’urgence. Beaucoup de Frères musulmans ont été arrêtés et le couvre-feu aussi dissuade de manifester. Il y a une guerre menée contre nous. Mais il faut nous laisser le temps, on va revenir encore plus solides".
"On n’a pas peur". La dispersion violente des deux sit-in géants de la semaine dernière a mis un coup de frein à leur contestation. Toutefois, assure Kamal, "on n’a pas peur". "Si on avait peur, on ne mettrait pas le nez dehors. On a commencé quelque chose et on doit finir. Maintenant, si vous voulez voir de grands rassemblements, amenez-moi une autorisation de la part des autorités", réclame Kamal. "Dès que je verrai cette autorisation, ça nous prendra moins de six heures pour nous réunir", assure-t-il sur Europe 1. Quant aux responsables des Frères musulmans, ils n’étaient présents dans aucun des cortèges.