Ses premières déclarations permettent d'en savoir un peu plus sur sa personnalité future. Le 266e pape de l'histoire, l'Argentin Jorge Mario Bergoglio, élu mercredi, n'a pas tardé à changer le ton de l'église catholique. L'ex-archevêque de Buenos Aires a déjà prononcé quelques phrases chocs. Pas de doute, le nouveau pape sait communiquer. Florilège.
François l'humble. Déjà lors de première apparition à la loggia de la place Saint-Pierre, il est apparu comme le pape de l'humilité. Un simple bonsoir à ses "frères et sœurs". Le ton est hésitant, presque normal pour le vicaire du Jésus-Christ. "D'abord... d'abord, je vous demande une faveur !", a-t-il presque supplié alors que chacun attendait sa bénédiction "urbi et orbi". "Je vous demande de prier le Seigneur pour qu'il me bénisse : la prière du peuple, demandant la bénédiction pour son évêque. Faisons en silence cette prière de vous sur moi !", a-t-il lancé.
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Toujours à la loggia, il ne se présente pas comme le souverain universel mais simple "évêque de Rome". Puis il a cette phrase qui restera comme la plus forte de sa première apparition publique : "on dirait que mes frères cardinaux sont allés le prendre presque au bout du monde".
François joue la proximité. Son premier geste de pape a été d'aller déposer un petit bouquet de fleurs et de prier la Vierge dans la Basilique Sainte-Marie Majeure à Rome. Dans les journaux italiens, les témoignages abondent. Le pape François est celui de la proximité. Il a salué une quinzaine de séminaristes et religieux et quelques laïcs présents, parmi lesquels une femme enceinte, plaçant ses mains sur son ventre et s'enquérant de sa santé. Presque comme un ami ou un parent.
Le nouveau pape est souvent présenté comme très simple, préférant le métro ou le bus aux voitures personnelles. Mgr Barbarin l'a confirmé. "Quand nous sommes descendus de la chapelle Sixtine, il y avait sa Mercedes avec les drapeaux, etc. Et (le nouveau pape) est monté dans le bus comme tout le monde", a-t-il raconté sur Europe 1.
Une photo du journal du Vatican, "l'Osservatore romano", montre le pape à peine élu, tout de blanc vêtu, en train de régler sa note dans la résidence où il séjournait avant le conclave. Comme un simple client.
François le défenseur des opprimés et des malades. Juste après son élection, au cœur de la chapelle Sixtine, le nouveau pape est allé voir le cardinal Dias "qui est malade et qui se déplace difficilement", raconte Mgr Barbarin, l'un des cardinaux-électeurs français, au micro d'Europe 1. François "a dit : ‘Vous ne pouvez pas vous déplacer, c'est moi qui vient’ Il l'a embrassé et il a parlé avec lui", rapporte Mgr Barbarin. Le pape a bien fait savoir que l'émulation autour de sa personne ne l'enthousiasmait pas. Vendredi, François a téléphoné au nonce (agent diplomatique) à Buenos Aires pour qu'il prie les Argentins de ne pas entreprendre un voyage "coûteux" pour sa messe d'installation mardi et de faire plutôt "une obole aux pauvres", rapporte le Vatican.
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François l'évangélisateur critique... En recul dans certains pays du Nord, le nouveau chef de l'église catholique a fait état de sa volonté de répandre la "bonne parole" de l'Eglise. Dans son simple costume blanc, chaussures noires, le pape a exhorté vendredi ses ex-collègues cardinaux à "trouver de nouveaux moyens pour porter l'évangile jusqu'aux confins extrêmes" de la terre.
Dès jeudi, François a lancé un appel à la purification de l'Eglise et à l'obéissance au Christ, en affirmant, lors de sa première messe, qu'"elle n'est qu'une ONG" si elle ne professe pas Jésus et n'accepte pas de porter sa Croix. Cette homélie, critique et décapante, était en italien, alors que Benoît XVI avait choisi de la faire en latin, rapporte Le Monde. "Jamais un pape –même Jean-Paul II– n'a osé parler aussi crument en publique", analyse Jean-Marie Guénois, journaliste spécialiste des questions religieuses au Figaro. "Cette homélie radicale n'a rien d'intégriste mais elle va plaire aux milieux traditionalistes. Cette homélie dérangeante n'a rien de progressiste mais elle va provoquer les milieux de gauche", écrit-il.
… mais François le chaleureux. Critique mais toujours sur le même ton affable, le pape s'est adressé à ses pairs avec chaleur : "la moitié d'entre nous sommes déjà dans la vieillesse", mais dans la Bible, elle est aussi synonyme de "sagesse". "Donnons cette sagesse aux jeunes car elle est comme le bon vin qui se bonifie avec l'âge", a-t-il assuré, dans un large sourire.
François, proche des journalistes. Ce nouveau pape semble également savoir comment s'y prendre avec les médias. La journaliste italienne Stefania Falasca a raconté jeudi que le pape François l'avait appelée au téléphone pour un échange amical, quelques heures seulement après son élection mercredi soir. "Le téléphone a sonné. Mon fils a répondu et c'était le pape", a déclaré à des médias italiens la journaliste, ancienne directrice d'un mensuel catholique.
"A la maison, on l'appelait simplement 'père', nous ne l'avons jamais appelé 'éminence'. Je ne savais pas quoi dire. Je lui ai demandé : 'Père, comment suis-je censée vous appeler? Saint Père ?", a-t-elle expliqué. "Il a ri et le pape François conclut : 'pour mon premier appel au téléphone je voulais vous saluer vous, Gianni et les enfants".