En visite samedi en Calabre, le pape a dénoncé les "atrocités" de la 'Ndrangheta et vanté les vertus de la réinsertion.
Le Pape et les parrains. François était samedi dans le sud de l'Italie, et plus précisément en Calabre, pour un déplacement pas comme les autres. Le pontife était particulièrement attendu dans cette région où la religion est probablement l'un des seuls contre-pouvoir qui puissent tenir tête à la mafia, et plus particulièrement à la 'Ndrangheta. François a donc pesé ses mots lors d'un discours axé autour de deux priorités : préserver la jeunesse des "atrocités" de la pègre locale et tendre la main à ceux qui veulent revenir dans le droit chemin.
Les mafieux sont "excommuniés". Dans une région très croyante, le pape a prévenu : "ceux qui ont choisi dans leur vie cette mauvaise route sont excommuniés". "Il faut la (la mafia, ndlr) combattre, on a besoin de lui dire non. Tant de nos jeunes nous le demandent", a martelé le pape argentin durant une messe à l'issue de sa visite à Cassano allo Jonio. Et François d'ajouter devant cent mille fidèles que la mafia locale, parce qu'elle "adore le mal et méprise le bien commun", est "excommuniée" et "doit être combattue".
"Jamais plus d'enfants victimes de telles atrocités". "Jamais plus un enfant ne doit endurer de telles souffrances. Jamais plus d'enfants victimes de telles atrocités, jamais plus de victimes de la 'Ndrangheta!", s'est exclamé François au centre de détention de Castrovillari, première étape de sa visite.
Il s'adressait notamment aux deux grand-mères du petit Nicola ("Coco") Campolongo, trois ans, victime en janvier d'un règlement de comptes qui avait ému toute l'Italie. Son corps avait été retrouvé avec celui de son grand-père dans une voiture carbonisée. Outre ces petits enfants, de jeunes Calabrais sont recrutés pour le trafic de drogue et meurent aussi dans les violences de la 'Ndrangheta, ou encore se retrouvent en prison.
Le pardon, la réponse de l'Eglise aux condamnés. Le souverain pontife qui, à Buenos Aires, se rendait souvent dans les maisons d'arrêt et avait lavé les pieds de jeunes détenus à Rome, à l'occasion du Jeudi Saint de 2013, a axé son message sur la "pleine réinsertion" dans la société, afin que la détention ne soit pas seulement "un instrument de punition et de rétorsion sociale". Il a invité les détenus à "rencontrer Dieu" en prison : Dieu est "un maître de la réinsertion, qui nous prend par la main", a-t-il encouragé.
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