Cette visite a de quoi intriguer. Le patron de Google, Eric Schmidt, est arrivé lundi en Corée du Nord en compagnie de l’ancien diplomate américain Bill Richardson. Avant le départ, ce dernier a expliqué à la presse qu’il s’agissait d’une "mission humanitaire privée, indépendante du gouvernement américain".
A Washington, le département d’État a d’ailleurs critiqué cette visite. "Honnêtement, nous ne pensons pas que le calendrier [de cette visite] soit particulièrement constructif", a ainsi tonné jeudi la porte-parole Victoria Nuland.
Un Américain arrêté en décembre
Bill Richardson a aussi précisé que cette étonnante délégation resterait probablement à Pyongyang pendant deux jours et demi. Cet ancien ambassadeur américain auprès des Nations unies connaît la Corée du Nord : il y a négocié la libération de plusieurs citoyens américains depuis une vingtaine d’années.
C’est d’ailleurs pour tenter d’évoquer le cas d’un Américain d’origine coréenne, Kenneth Bae, qu’il se rend dans le pays. L’arrestation de cet homme de 44 ans a été annoncée mi-décembre par des médias sud-coréens. Kenneth Bae était entré en Corée du Nord le 3 novembre pour une visite de cinq jours avec d’autres touristes. Il appartiendrait, selon CNN, à un groupe religieux protestant américain.
Voyage à titre personnel
La présence du patron de Google aux côtés de Bill Richardson pour cette mission délicate déconcerte jusqu’aux observateurs avertis du régime de Pyongyang, note Businessweek. D’autant plus que Jared Cohen, le directeur de Google Ideas, un think-tank du géant du web, fait aussi partie du voyage. L’an dernier, Eric Schmidt et Jared Cohen ont rencontré des Nord-Coréens ayant fait défection.
Google a assuré que le voyage de son patron se faisait à titre strictement personnel. Mais les médias anglophones s’interrogent sur les intentions de l’entreprise dans le pays le plus fermé au monde, où seule une petite minorité a accès à Internet. D’après certains, des responsables du gouvernement de Pyongyang se sont rendus en 2011 au siège de Google, en Californie. Une information que l’entreprise s’est toujours refusée à commenter.