Son visage, surmonté d’un disque labial, est célèbre dans le monde entier. Malgré ses 84 ans, Raoni Metuktire, ne baisse pas la garde. Cette figure légendaire de la résistance des peuples indigènes continue son combat pour le respect des siens. Et c’est contre les effets de la Coupe du monde de football qu’il se bat désormais.
Sur le toit du Parlement. Avec 500 chefs indiens, Raoni, défenseur de l'Amazonie, est montés sur le toit du Parlement de Brasilia pour réclamer de nouvelles politiques en faveur de leurs peuples. "Monter sur le toit du Parlement a été un acte de courage et montre que nous sommes des guerriers et que nous défendons nos droits", a déclaré Tamalui Kuikuru, de la région du Xingu.
En peintures de guerre et armés d'arcs et de flèches, les Indiens sont descendus pacifiquement du toit du Congrès avant de parcourir la grande avenue bordée par les ministères. Puis ils ont rejoint quelques centaines de manifestants de mouvements sociaux anti-Mondial qui marchaient vers le stade qui accueillera certains matches. Une manifestation dispersée à coups de bombes lacrymogènes par les forces de l’ordre.
De la fumée pour éloigner les mauvais esprits. A Brasilia, les indigènes avaient d'abord, dans la matinée, chanté et prié sur la place des Trois pouvoirs où se trouvent le palais présidentiel, le Parlement et la Cour suprême. Certains des plus âgés agitaient de la fumée "pour éloigner l'esprit du Mal", ont-ils expliqué.
"Avant de faire la Coupe du monde, le Brésil devrait penser à améliorer l'éducation, la santé, le logement. Nous voyons des manifestations de la population: il ne faut pas dépenser autant d'argent pour un événement qui n'apporte pas de bénéfices", a critiqué Neguinho Truká, de l'ethnie Truká du Pernambouc , paré d'une coiffe de plumes de perroquet bleu et rouge.
Les indigènes du Brésil - qui représentent aujourd'hui 0,3% de la population - ont multiplié leurs manifestations dans la capitale fédérale sous le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff, qu'ils accusent de freiner la délimitation de leurs terres au bénéfice des grands agriculteurs.
Un mouvement récupéré par l’extrême gauche. Ces manifestations spontanées, convoquées sur les réseaux sociaux, sans bannière politique, ont continué mais se sont radicalisées et ont perdu en intensité. Dernièrement, elles ont été reprises en main par les mouvements sociaux organisés, comme les syndicats et partis d'extrême gauche.