La cérémonie s'est déroulée dans un calme tout relatif. Alors que son principal opposant, Etienne Tshisekedi, s’est autoproclamé "président élu" et entend aussi prêter serment cette semaine, Joseph Kabila a été investi officiellement mardi pour un deuxième mandat. Il a prêté serment en jurant devant Dieu et la nation "de sauvegarder l'unité nationale, de ne (se) laisser guider que par l'intérêt général et le respect des droits de la personne humaine."
Pendant la cérémonie, dans Kinshasa toujours sous haute surveillance des forces de l'ordre après des violences à l'annonce des résultats provisoires le 9 décembre, une dizaines de chars de la Garde républicaine étaient déployés, dont quatre devant le stade de Martyrs. "C’est pour la population que ces chars sont là. C'est pour l’aider à se mouvoir aisément", avait assuré le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, à la radio Okapi, parrainée par l'ONU. "Et pour sécuriser les visiteurs importants" venus pour l'investiture et la prestation de serment du président Kabila, avait-il précisé.
Un seul invité étranger
En réalité, seul le président zimbabwéen Robert Mugabe, parmi les chefs d'Etat invités, s'était déplacé pour cette cérémonie d'investiture de Kabila.
Dans son discours d'investiture, le président Kabila a rendu "un vibrant hommage au peuple congolais pour la maturité politique, l'ordre et la discipline dont il a fait montre depuis le début du processus électoral, jusqu'à ce jour". "Vous avez été appelés à choisir entre d'une part les promesses chimériques sur fond de discours incendiaires, et d'autre part la perspective de la consolidation de la paix et la stabilité, la poursuite de la reconstruction du pays et la crédibilité du projet de sa modernisation. Vous avez opté pour la continuité et l'oeuvre grandiose commencée à mon initiative", a-t-il ajouté. Il a également rendu hommage "aux victimes innocentes de l'intolérance politique et des discours d'incitation à la haine et à la violence de certains acteurs politiques".
Les forces de sécurité ont "dans des conditions particulièrement difficiles fait preuve de patriotisme et de professionnalisme, avant pendant et après le scrutin", a-t-il dit. Des violences en fin de campagne et pendant le scrutin ont fait au moins 18 morts civils, principalement à Kinshasa, a dénoncé l'ONG Human rights en accusant principalement la Garde républicaine.
Etienne Tshisekedi l’éternel opposant
L'opposant Etienne Tshisekedi, 79 ans, rejette lui depuis le début le résultat de l'élection. Celle-ci a pourtant été confirmée par la Cour suprême et le donne perdant face à Joseph Kabila, réélu pour cinq ans avec 48,95% des suffrages contre 32,33%..
Etienne Tshisekedi a malgré tout annoncé qu'il allait prêter serment vendredi dans le stade des Martyrs de Kinshasa, près duquel des chars ont pris place lundi. Il a ensuite affirmé que le gouvernement était "démis", et a enjoint soldats, policiers et fonctionnaires à "n'obéir qu'à (son) autorité légitime". Il a même appelé à capturer Joseph Kabila, qualifié de "fauteur en eaux troubles", promettant une "récompense très importante" à celui qui "l'amènera ici ligoté".
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait lancé lundi un "message de dialogue et d'abstention de toute violence" des deux côtés.